Nature morte avec des fruits, des légumes et un vase avec des fleurs sur une étagère

... début du XVIIe siècle, apparurent et connurent un grand succès de petites et élégantes compositions de fruits présentées sur des dosserets métalliques et à l’intérieur de crépines en céramique confiées aux habiles pinceaux d’abord de Fede Galizia puis de Panfilo Nuvolone, dans le reste de la plaine du Pô et principalement dans la région de Crémone, des peintres moins connus continuèrent à disposer des fruits, des légumes et des fleurs à la manière de Vincenzo Campi, à des groupes homogènes ou mélangés entre eux sur des étagères en pierre et sur des tables en bois. Nous avons de nombreux exemples de ces petites peintures avec les éléments représentés verticalement, avec une prise de vue de haut en bas selon une perspective peu rigoureuse.

Au cours des dernières années, la littérature a toujours encadré ces petites compositions à l’aspect presque métaphysique dans le cadre de l’école de Vincenzo Campi, en arrivant dans certains cas à les accréditer même à Vincenzo lui-même. Il s’agissait d’approximations induites par le manque d’informations sur l’existence d’autres personnages peu ou pas connus et sur le genre de représentations auxquelles ils s’appliquèrent.

Pour rester dans le domaine crémonais, un artiste à enquêter plus en profondeur serait certainement Pietro Martire Alberti, dont nous avons des nouvelles certaines jusqu’à l’année 1631. De ce peintre, nous connaissons deux peintures conservées au Museo Civico Ala Ponzone très différentes les unes des autres, l’une représentant Bouquet de navets, chardon, racines et ail, l’autre Rafraichisseur de cuivre avec bouteille de vin, grappe de raisin et biscuits (G. Bocchi-U. Bocchi, Naturaliter. Nouvelles contributions à la nature morte en Italie du Nord et en Toscane entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, Calenzano 1998, pp. 56-57, figg. 43-44). La reconstruction de sa production artistique a été abordée au cours des dernières années avec la récupération d’autres peintures mais n’a pas encore été officialisée dans une publication.

L’illustration de ces peintures explique bien l’aptitude de leurs auteurs à travailler en petit format et justifie une réalisation de décors plus grands, sur le modèle de celle présentée ici, par l’association de groupes homogènes de fruits et de légumes, presque toujours sans superposition visuelle, signe d’un archaïsme de composition typique de l’école lombarde du début du siècle. Ce sont des ambiances de fantaisie dominées par une rigueur illustrative précise, auxquelles les fonds neutres donnent, comme déjà dit, une aura presque métaphysique, étrangère aux intentions décoratives.