Par Antichità di Alina
Huile sur toile, 75 × 95 cm
Le tableau présente un large paysage flamand, organisé en plusieurs plans, où la gamme des verts — parfois proches de l’émeraude, parfois plus cuivrés ou argentés — définit la profondeur et la structure du relief. Dans la partie basse se trouve un château de caractère encore Renaissance, avec une tour munie d’élégantes fenêtres en croix ; plus haut s’étend une ville perchée sur la colline, aux tours élancées, aux remparts continus et aux pentes aménagées en terrasses.
La présence de voyageurs traversant le pont et de petites embarcations à voile presque translucides, très proches de celles que l’on retrouve dans les gravures de la sphère de Brueghel, introduit des éléments minutieux mais typiques du répertoire nordique. La Madeleine pénitente, placée près de la grotte avec son crâne et son livre ouvert, est traitée avec un langage légèrement différent, conformément à la pratique flamande qui séparait ...
... souvent le travail du paysagiste et celui du peintre de figures.
La question se pose alors : la ville sur la colline est-elle réelle ou inventée ?
La structure urbaine présente des correspondances avec le vaste répertoire visuel diffusé entre la fin du XVI? et le début du XVII? siècle. L’œuvre rappelle par plusieurs aspects le Civitates Orbis Terrarum, publié en six volumes entre 1572 et 1617, qui réunissait plus de 540 vues de villes européennes. Plus qu’un simple atlas, cette collection constituait une source méthodique de modèles architecturaux, utilisée par les peintres pour construire des vues composées fondées sur des remparts, des tours, des châteaux et des profils de collines documentés. Associée aux gravures des Sadeler, de Willenberg et de Hoefnagel, elle formait un langage commun permettant de reconnaître des structures de l’Europe centrale.
Certains éléments du tableau — les tours effilées, la séquence des toits, le mouvement du versant — permettent, avec prudence, un rapprochement avec la Bohême historique et la culture visuelle de la Prague rudolphine, où la relation entre architecture et paysage reposait sur des modèles réels réinterprétés par l’artiste.
La richesse des verts et l’organisation ordonnée des plans trouvent, à distance, un écho dans les vues en pierres dures de Castrucci, non comme source directe, mais comme reflet d’un même univers figuratif centre-européen.
État de conservation
La toile de renfort du XIX? siècle a été retirée lors de la restauration, révélant la toile ancienne originale, épaisse et à tissage irrégulier. Une retouche ponctuelle est visible dans l’angle supérieur droit. La surface picturale est bien conservée, offrant une lecture claire de l’architecture et du paysage
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