Par Stéphane Renard Fine Art
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Ce puissant dessin à la plume et au lavis d’encre brune est une étude pour le retable du Martyre de saint Barthélemy. Ce tableau, qui est signé et daté de 1604, a été peint à la fin de sa vie par Alessandro Casolani, un des derniers représentants du maniérisme siennois, pour la nef de l'église de San Niccolo al Carmine à Sienne où il est toujours conservé.
Bien que très proche de la composition définitive, notre dessin présente un certain nombre de détails assez morbides qui seront considérablement édulcorés dans la composition finale peinte. Il a fait partie des dessins provenant de collections portugaises qui ont été exposés dans plusieurs musées européens prestigieux (dont le Prado à Madrid) en 2000-2002.
1. Alessandro Casolani, un maniériste siennois tardif influencé par Federico Barocci
Né à Mensano, un bourg situé sur la commune de Casole d’Elsa, aux environs de Sienne, Alessandro Casolani reçoit sa première formation artistique ...
... à Sienne, probablement sous la direction d'Arcangelo Salimbeni (ca. 1536 - 1579), un disciple de Domenico Beccafumi (c. 1486 - 1531) et le père de Ventura. En 1578, Casolani visite Rome, où il se familiarise avec la peinture de Federico Barocci.
De retour à Sienne en 1581, Casolani devient rapidement l'un des peintres les plus en vogue de la ville, recevant des commandes des puissantes sociétés de S. Caterina et SS Trinità, ainsi que de la magistrature publique. En dehors de Sienne, il exécute des fresques pour la chartreuse et l’église San Tommaso de Pavie.
2. Une composition aux détails morbides qui sera largement édulcorée dans sa version définitive
Saint Barthélemy était l'un des apôtres du Christ. Selon la Légende Dorée, il entreprit un voyage missionnaire en Inde puis en Arménie, où il connut une mort atroce en étant écorché vif, puis crucifié pour avoir refusé d'adorer des idoles.
Sur ce dessin, les détails du martyre de Saint Barthélemy, entouré de ses trois bourreaux, sont représentés avec une précision assez morbide, même si elle n’est pas dépourvue d’un certain humour ! Les poignets du saint sont attachés à une planche de bois horizontale suspendue au-dessus de sa tête et reliée par des liens à la colonne située derrière lui. Cette planche est hissée par la corde tenue par le bourreau représenté debout sur la droite de la composition, alors que son comparse situé sur la gauche commence à dépecer de ses deux mains le bras droit du saint, en tenant son couteau entre les dents. Un troisième bourreau, accroupi sur la droite, s’apprête à découper la jambe gauche du saint, tandis qu'un petit chien sur la gauche lape le sang répandu sur le sol …
Tout en étant fidèle à la composition générale, le tableau d'autel conservé dans l'église de San Niccolo al Carmine (photos dans la galerie) présente une version largement édulcorée : les deux bourreaux armés de couteau sont bien représentés en train d’entailler l’un le bras et l’autre la jambe du saint, mais le détail du chien venu se repaître du sang du martyre a été remplacé par un groupe de femmes assises sur les marches du lieu de l'exécution.
La peinture, achevée en 1604, a été louée par le cardinal Federigo Borromeo lors de sa visite au Carmine le 27 mars 1605.
Le style de ce dessin, caractérisé par des traits de plume légers renforcés par des touches de lavis sombre, révèle la forte influence de Federico Barocci (vers 1535 - 1612) et rapproche Casolani des "Barocceschi Senesi", ces disciples siennois du célèbre peintre natif d’Urbino : Francesco Vanni (1563-1610) (dont nous présentons également un dessin) et Ventura Salimbeni (1568 - 1613), deux artistes d'une génération légèrement plus jeune que celle de Casolani, qui avaient comme lui adopté de nombreux éléments du style pictural fluide et de l'imagerie pieuse de Barocci.
Dans son catalogue publié en 2000, Nicolas Turner rapprochait le style et la composition de ce dessin d’un dessin de Ventura Salimbeni représentant Le Pape Innocent IV bénissant Sainte Claire sur son lit de mort (dernière photo de la galerie), préparatoire pour une fresque peinte en 1599 dans l’église Santa Maria degli Angeli à Assise.
3. Encadrement
Notre dessin est présenté dans un cadre italien du XVIIème siècle en bois fruitier d’une grande sobriété, orné d’une élégante moulure en bec de corbin.
Provenance : Collection privée, Lisbonne – Portugal
Sotheby's London, 2 juillet 1997, Lot 123
Expositions : Fitzwilliam Museum, Cambridge (United Kingdom) - European Master Drawings from Portuguese Collections (1500 – 1800), (16 May to 13 August 2000) Cat. Nr. 28
Centro cultural de Belém, Lisbon (Portugal) Desenhos de mestres europeus em colecções portuguesas (October–December 2000), Cat. Nr. 28
Museu Nacional Soares Dos Reis, Porto (Portugal) Desenhos de mestres europeus em colecções portuguesas, (October–December 2001), Cat. Nr. 28
Museu Nacional del Prado, Madrid (Spain) Dibujos de maestros europeus en las colecciones portuguesas (1500–1800), 2002, Cat. Nr. 18
Littérature : Ce dessin est reproduit dans le catalogue réalisé par Nicholas Turner (European Master Drawings from Portuguese collections) pour l’exposition au Centro Cultural de Belem en 2000 (pages 72 & 73).
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