Par Galerie Delage
DEMANDE D'INFORMATIONS
Paris, époque Louis XVI, vers 1780.
Hêtre naturel, mouluré et sculpté (anciennement peint en blanc avec des traces de la peinture d’origine).
ESTAMPILLE : J.NADAL.LAINE, sous la traverse antérieure des deux chaises.
Cette paire de chaises, très puissamment sculptées en hêtre mouluré et anciennement peint en blanc, s’inscrit dans les réalisations de Jean-René Nadal, artisan appartenant à l’une des plus importantes dynasties de menuisiers en siège actives à Paris au XVIIIe siècle. S'inscrivant résolument dans le style Louis XVI, elles furent exécutées probablement pour le compte d’un commanditaire particulier, et ceci pour une raison importante. Phénomène peu courant, il est étonnant de constater la présence de l’estampille J.NADAL.LAINE sur chacune des deux chaises. En effet, si cette paire de chaise avait appartenu à un ensemble de mobilier de salon, le menuisier aurait probablement estampillé une partie des fauteuils et des bergères, ces ...
... derniers étant considérés comme les sièges les plus nobles.
Somptueux exemple de l’art néoclassique du dernier quart du XVIIIe siècle, chaque chaise est composée d’un châssis associé à de puissantes moulurations soulignant le parcours rectiligne du dossier en cabriolet. Celui-ci, légèrement incliné, est formé d’une traverse supérieure à anse de panier légèrement cintrée et réalisée en éventail, et ponctué à ses extrémités par deux culots de feuilles. Deux petits « montants » ou « dés » rectangulaires décorés de deux cannelures supportant le dossier relient ce dernier à l’assise.
Ces chaises présentent une ceinture composée d’une large assise quasi circulaire, légèrement évasée et à décrochement en courbe en façade. Elle est rythmé de « dés » de raccordement flanqués de rosaces en doucine et placés dans l’axe des quatre pieds fuselés, cannelés et rudentés. Ces pieds en gaine sont creusés de huit cannelures, ce qui permet de dater la réalisation de ces sièges du début des années 1780. Chacun d’eux est surmonté d’un imposant et large bandeau uni ponctué d’une moulure en quart-de-rond, et est terminé d’un court sabot en forme de bulbe couronné d’une bague. Nous pouvons remarquer que la base des pieds arrières, pour assurer un meilleur équilibre, est sensiblement déportée vers l’extérieur. Cette disposition fut adoptée par les menuisiers dès l’apparition du cabriolet qui avait pour effet de rapprocher les têtes des pieds arrières du centre de l’assise, ce qui aurait rendu le siège instable avec des pieds presque verticaux comme dans le siège « à la reine ».
Les sièges furent réalisés à l’origine à la fin du XVIIIe siècle en bois peint en blanc. En effet, des traces de la peinture d’origine sont visibles à la fois sur certains détails visibles de la structure mais également sous les chaises.
JEAN-RENÉ NADAL
Les Nadal comptent parmi les familles de menuisiers parisiens importantes du XVIIIe siècle qui parvinrent à maintenir au premier rang la réputation de leur entreprise.
Né en 1733, Jean-René Nadal, dit Nadal l’Aîné, est le fils de Jean Nadal. Il estampilla ses réalisations par son surnom afin de se différencier de son frère Jean-Michel, également menuisier. Maître en 1756, il reprit l’atelier paternel rue de Cléry avant de fonder son propre atelier « Au Lion d’argent » en 1765. Il s’illustra dans la création de sièges dont l’œuvre peut se situer entre la période Transition, dont il semble compter parmi les promoteurs, et le style Louis XVI qu’il traduisit avec succès. En effet, sous le règle de Louis XVI, Nadal exécuta des ouvrages pour le mobilier de la Couronne. Ses talents furent employés également par le comte d’Artois, frère du Roi, dont il sut se faire apprécier, qui lui demanda des sièges dans le goût antique et plusieurs bois de lit, avec impériales à voussure, destinés au palais du Temple et au château de Saint-Germain-en-Laye.
Il mit fin à son activité en 1785 et s’éteignit cinq années plus tard.
BIBLIOGRAPHIE : Anne Forray-Carlier, Le Mobilier du musée Carnavalet, Dijon, Éditions Faton, 2000 ; Sylvie Legrand-Rossi, Le Mobilier du musée Nissim de Camondo, Dijon, Éditions Faton, 2012.
Très bon état général, restaurations d’usage et d’entretien.
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