Par Galerie Delage
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Perse, dynastie Qajar, dernier quart du XIXe siècle.
Pâte siliceuse ; décor peint en noir sous glaçure transparente bleu turquoise.
MARQUE ET INSCRIPTION : Signature manuscrite en noir sous le plat.
Formé d’une luxuriante pâte siliceuse caractérisée par l’exotisme de son décor peint en noir sous glaçure transparente turquoise datée du dernier quart du XIXe siècle, ce plat présente un somptueux et singulier décor occupant toute la surface du récipient, composé au centre de trois longues tiges sinueuses et feuillagées, chacune ponctuée d’une éclatante fleur de tulipe à pétales déployés auxquelles viennent se mêler des motifs d’entrelacs de fleurs de lotus et de rinceaux. Originaire par ailleurs d'Iran, la tulipe doit son nom au perse tulipan signifiant « turban ». Les riches sultans ornaient en effet leur turban de cette fleur qu'ils trouvaient particulièrement belle. Si cette dernière est par conséquent symbole de richesse, elle représente ...
... également en bouquet le temps qui passe et le cycle de la vie, avec certaines qui naissent et d'autres qui fanent. Tout ce symbolisme est intéressant à étudier en parallèle avec l’art qajar à proprement parler. Comme l’explique Gwenaëlle Fellinger, commissaire de l’exposition « L’Empire des roses » sur l’art persan du XIXe siècle qui eu lieu en 2018 au Louvre-Lens, l’art qajar est un art politique qui servit à assurer l’image d’une dynastie se voulant flamboyante et forte.
Un étroit bandeau sépare le décor du fond du marli, ou rebord intérieur, tandis qu’un second, identique, court sur la lèvre du plat. S’inscrit autour du décor central une large frise de poissons et de motifs végétaux. Symbole traditionnel de l'artisanat perse, le poisson est quant à lui source de bénédiction et signe de prospérité. Un plat aux poissons iranien du XVe siècle aux dimensions légèrement inférieures que le notre, de 18,9 centimètres de diamètre, fait aujourd’hui partie des collections du département des Arts de l’Islam du musée du Louvre à Paris (inv. MAO 698).
Ce type de plat à décor de tulipes et de poissons fut apprécié par les grands amateurs, tant en France qu’en Europe, durant le dernier tiers du XIXe siècle. Les œuvres iraniennes reprirent souvent des formes européennes tout en conservant des techniques traditionnelles de décor. Elle reflétèrent les tensions et les recherches d’une nouvelle identité iranienne au sein d’un monde marqué par l’arrivée de la modernité. Au même moment, la présence de ce genre d’objets dans les intérieurs européens fut particulièrement révélatrice de la sensibilité occidentale aux séductions du Proche et Extrême-Orient tout au long des années 1880-1890. Alors que faisait rage le débat d’idées autour de l’union entre les arts et l’industrie, s’appuyant sur leurs connaissances encyclopédiques des styles étrangers, les collectionneurs regroupèrent par conséquent dans leurs intérieurs au cachet nouveau meubles de luxes, bronzes, tissus, et autres céramiques d’influences orientales (Inde, Perse), comme notre plat présentement décrit, et extrême-orientales (Chine, Japon). En effet, ces objets répondaient parfaitement au désir de l’homme urbanisé de la fin du XIXe siècle, désireux de recréer un Orient imaginaire parfaitement adapté au goût alors en vogue à l’époque pour les décors riches et opulents.
Parfait état.
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