Par Poncelin de Raucourt Fine Arts
Attribué à Charles-Nicolas Cochin le Jeune (Paris, 1715 – 1790)
Couple dansant
Vers 1765-1770
Sanguine sur papier crème ; verso à la pierre noire et sanguine
34 × 21 cm
Provenance :
Lucien Wolff, Paris
Collection particulière, Paris
Notice :
Ce délicat dessin à la sanguine représente un couple exécutant une figure de danse de société, probablement un minuet, dans une pose empreinte d’élégance et de retenue. À l’inverse d’une scène de genre rurale ou pittoresque, les costumes des personnages — habit trois-pièces à basques étroites pour l’homme, caraco cintré et jupe fluide pour la femme — signalent un contexte urbain et mondain typique des salons français des années 1760-1770.
Réalisé à la sanguine, médium privilégié pour ses qualités d’expressivité et de modelé, ce dessin est rehaussé au verso de rapides croquis à la pierre noire et de hachures rouges, traduisant une pratique d’atelier. Le traitement combine ...
... une grande précision linéaire dans les contours à une liberté vive dans les ombres et les volumes, caractéristiques d’une œuvre d’artiste expérimenté.
Longtemps proposé sous une attribution à Hubert Robert, ce dessin est aujourd’hui rapproché plus pertinemment de Charles-Nicolas Cochin le Jeune ou de son cercle immédiat. Cochin, premier dessinateur du roi, fut l’un des plus brillants illustrateurs de son temps, alliant rigueur académique et grâce mondaine. Sa maîtrise du dessin à la sanguine est amplement documentée, notamment dans ses projets pour les Menus-Plaisirs du Roi ou ses nombreux travaux d’illustration, comme l’Allégorie sur la vie du Dauphin (Metropolitan Museum of Art, inv. 1993.328).
La souplesse du trait, l’attention portée aux détails des costumes et la sobriété du décor — typiques des œuvres de Cochin dans les années 1765-1775 — sont ici manifestes. Plusieurs feuilles de Cochin conservées au musée du Louvre et au musée Carnavalet montrent un maniement analogue de la craie rouge, combinant des traits nerveux et assurés à des hachures souples pour animer les figures (voir par ex. Louvre, inv. 24363).
Le thème de la danse en couple est, en outre, emblématique du goût pour les scènes de divertissements sociaux qui fleurissent dans l’art français sous Louis XV. Si la référence à la Danse allemande de François Boucher, gravée par Demarteau en 1769 (Louvre, inv. 23928 LR), vient spontanément à l’esprit pour le sujet, le traitement graphique plus précis, moins hédoniste, de notre dessin oriente clairement vers la main d’un dessinateur-observateur comme Cochin plutôt que vers l’approche picturale et capricieuse d’un Boucher ou d’un Robert.
Enfin, la mode vestimentaire des figures, qui correspond aux évolutions autour de 1765-1770 — notamment les vestes cintrées aux manches à volants simples pour les femmes et les justaucorps à pans étroits pour les hommes — confirme la datation stylistique proposée.
Si l’on ne peut totalement exclure l’intervention d’un collaborateur proche — tel que Jean-Michel Moreau le Jeune, dont les dessins de danseurs dans les Monuments du Costume présentent des parentés de pose et de facture —, la qualité d'exécution et l’élégance d’ensemble militent fortement pour une attribution directe ou proche de Charles-Nicolas Cochin le Jeune.
Ce dessin offre ainsi un précieux témoignage de l'esprit galant et de la finesse graphique qui caractérisent la seconde moitié du XVIII? siècle français, entre tradition académique et anticipation du goût néoclassique.
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