Anacréon et Cupidon - François Lucas (1736–1813)

... toulousain François Lucas (1736–1813), comme l'atteste la signature « F. LVCAS » gravée dans l'angle inférieur droit. La scène représente Anacréon prenant soin de Cupidon, sujet inspiré de la troisième ode du poète grec. L'œuvre fut exposée au Salon de l'Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse en 1784, mais n'a pas été publiée depuis, offrant ainsi l'occasion de redécouvrir le travail de cet académicien français.

François Lucas est considéré comme le sculpteur le plus renommé de Toulouse à son époque. Formé initialement par son père, Pierre Lucas (1692–1752), lui-même sculpteur, il poursuit sa formation à l'Académie royale de sa ville natale, où il remporte le premier prix de sculpture en 1761 pour un bas-relief. Trois ans plus tard, il devient professeur à l'Académie, s'investissant particulièrement dans la pédagogie et la formation des jeunes artistes. Il est l'une des figures fondatrices du Musée des Augustins de Toulouse, aujourd'hui musée des beaux-arts. Parmi ses élèves figurent Bernard Lange, Jean-Pierre Vigan et, en 1796, Jean-Auguste-Dominique Ingres.

Lucas était convaincu de l'importance des modèles antiques dans la formation des sculpteurs. Il effectua deux voyages en Italie, en 1766 et en 1773–1774, au cours desquels il constitua une collection d'antiquités, notamment numismatiques, qui jouissait alors d'une certaine renommée. Il rapporta d'Italie divers dessins d'après des modèles antiques ainsi que des objets en marbre.

Bien qu'attiré par les sujets mythologiques, comme en témoigne le médaillon présenté, Lucas aborda une variété de thèmes, allant du religieux au funéraire, en passant par les portraits en buste ou en bas-relief, utilisant divers matériaux prisés à l'époque, tels que la terre cuite et la pierre. Toutefois, selon ses propres dires, il fut le premier sculpteur toulousain à produire autant de sculptures en marbre. La plupart de ses œuvres célèbres sont des sculptures monumentales publiques commandées par la ville de Toulouse, comme le bas-relief en marbre de Carrare représentant diverses figures allégoriques, dont les personnifications de l'Occitanie et du fleuve Garonne, qui orne encore aujourd'hui les Ponts-Jumeaux.

Œuvre de dimensions plus modestes, ce bas-relief s'inspire de la poésie d'Anacréon, que François Lucas transpose dans le marbre. Anacréon (vers 573–vers 495 av. J.-C.) était un poète lyrique ionien dont les odes portaient souvent sur l'amour et l'ivresse, admettant avec esprit dans sa première ode que, malgré son désir de célébrer des récits mythologiques épiques, sa lyre ne résonnait que d'amour. La composition du médaillon s'appuie sur la troisième ode du poète, identifiable par la présence d'une lyre et de vases à boire, dans laquelle Anacréon reçoit la visite nocturne de Cupidon, trempé et transi par une tempête. Après l'avoir accueilli, Anacréon le rapproche du feu et réchauffe ses mains dans les siennes. Ce geste est au cœur de la sculpture de Lucas, les mains étant le point focal du relief. La suite du poème décrit Cupidon testant son arc pour vérifier s'il a été endommagé par la tempête, transperçant le cœur d'Anacréon d'une flèche.

Bibliography

Bonnin-Flint Brigitte. Un inventaire des œuvres en marbre du sculpteur toulousain François Lucas (1736-1813). In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 106, N°205, 1994. Du commerce : l'urbanisme : Toulouse, XIIe-XIXe siècles. pp. 73-78.

Cent ans de sculpture (1750-1850): la collection du Musée des Augustins. Toulouse: Musée des Augustins, 2002.

L’œuvre toulousaine et régionale du sculpteur François Lucas, 1736-1813?: [Exhibition] Toulouse, Musée des Augustins, juillet-septembre 1958. Toulouse: Musée des Augustins, 1958.

‘Catalogue des ouvrages exposés au Salon de l’Hôtel de Ville par l’Académie Royale de Peinture, Sculpture et Architecture, le 19 Mai 1784.’ In Les expositions de l’Académie royale de Toulouse de 1751 à 1791. Edited by Robert Mesuret. Toulouse: Espic, 1972.