Par Jan Muller
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ÉCOLE FRANÇAISE 13ème siècle « Vierge trônée » Sculpté dans le bois Provenance : L.P. Bresset, Paris. Dimensions : 100cm
L’ARTISTE
Cette sculpture en bois finement ciselée, représentant la Vierge Marie en majesté, appartient à la tradition gothique française du XIIIe siècle, période marquée par l'essor des cathédrales monumentales et le développement concomitant de la dévotion mariale dans la sculpture. La France était alors le cœur artistique de l'Europe gothique, et le culte de la Vierge – intimement lié à l'essor des grands sanctuaires mariaux tels que Chartres, Amiens et Reims – inspira une profusion d'images dévotionnelles, tant monumentales que domestiques.
Si l'attribution précise de cette œuvre demeure inconnue, ses caractéristiques stylistiques correspondent étroitement à celles des ateliers d'Île-de-France ou de Champagne, spécialisés dans la sculpture de Vierges assises en bois pour les églises paroissiales et les chapelles ...
... privées.
Les sculptures en bois de ce type – sculptées dans du noyer ou du chêne et souvent polychromes – constituent un aspect important de l'art gothique français : elles allient une dignité architecturale à une intimité propice à la prière. Leur matérialité chaleureuse et leur échelle accessible reflétaient l'importance accordée, au XIIIe siècle sur le plan théologique, à l'humanité du Christ et à la tendresse maternelle de la Vierge.
L'ŒUVRE
Cette Vierge en majesté représente la Vierge Marie sous les traits du Sedes Sapientiae, ou Trône de la Sagesse – un type iconographique courant dans l'art roman et gothique primitif. Marie est assise de face sur un trône d'architecture simple, tenant l'Enfant Jésus sur son genou gauche, la main droite levée dans un geste de douce présentation. Bien que la figure de l'Enfant ait disparu, la composition conserve la symétrie verticale et la solennité caractéristiques de ce type.
La posture de la Vierge est à la fois majestueuse et sereine : son corps forme un axe vertical rigide adouci par le drapé rythmé de son manteau, qui retombe en profonds plis en forme de V sur ses genoux. Son visage, délicatement ovale, avec des yeux en amande et un léger sourire introspectif, conserve la sérénité idéalisée de la sculpture gothique primitive, préfigurant la transition de l'abstraction romane vers un naturalisme plus affirmé.
La couronne qui entoure son voile est particulièrement remarquable, symbolisant son double statut de Reine du Ciel et de Mère du Christ. La qualité de la sculpture – particulièrement visible dans le traitement des drapés et le modelé délicat du visage – suggère un atelier régional de maître, influencé par l’élégance courtoise des modèles parisiens, tout en conservant une expressivité rustique souvent propre aux sculptures bourguignonnes ou champenoises.
La Vierge en majesté incarne les idéaux spirituels du gothique rayonnant : équilibre, frontalité et une dignité sereine qui invite à une contemplation intemporelle. La retenue des gestes et le rythme vertical de la figure renforcent son rôle d’intercesseur entre le divin et l’humain. Le subtil jeu de lumière sur la surface du bois poli – jadis peut-être rehaussé de dorures ou de polychromie – aurait accentué la présence sacrée de la Vierge dans l’intérieur d’une église éclairée à la bougie.
Dans sa synthèse stylistique, la sculpture reflète l’évolution plus large de l’art gothique français au XIIIe siècle – de la solennité hiératique des Sedes Sapientiae romanes aux figures plus gracieuses et humanisées qui définiront le style gothique tardif. Le calme souriant de la Vierge, l'harmonie de ses proportions et le rythme naturel de ses drapés préfigurent la sensibilité que l'on retrouve dans la sculpture de la cathédrale de Reims et dans les œuvres des ateliers de la vallée de la Meuse.
Cette Vierge en majesté n'est pas seulement une image de dévotion, mais une affirmation théologique. En tant que « Trône de la Sagesse », Marie incarne physiquement la sagesse divine en Christ. Sa position assise symbolise à la fois la stabilité et la souveraineté, tandis que son expression douce confirme la nouvelle orientation du XIIIe siècle vers la compassion et l'intercession plutôt que vers le jugement.
De telles œuvres occupaient une place centrale dans la spiritualité gothique française, faisant le lien entre la grandeur de la sculpture cathédrale et l'intimité du culte domestique. La conservation de cet exemplaire – remarquablement intact et d'une grande clarté sculpturale – offre un témoignage rare des sensibilités dévotionnelles et artistiques de la France médiévale à l'aube du gothique.
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