Taureau au pas

... (1580–1624) qui créa les moules nécessaires à la fonte d'une édition. Finalement, deux modèles légèrement différents du Taureau furent réalisés. Le type le plus rare présente une constitution plus robuste, avec un fanon plus prononcé et des touffes de boucles plus abondantes tombant sur son front. Ce type est conservé au Bargello à Florence. Le second type, beaucoup plus courant, possède un cou plus lisse et une tête légèrement plus petite, tenue un peu plus droite. Il fut successivement fondu par Antonio et Gianfrancesco Susini. Ce dernier type est souvent associé à la statue d'un cheval, également de Giambologna. Cette association devint rapidement plus populaire et fréquente que l'association originale avec le Lion, semblant être devenue la norme dès le début.?

La statue du Taureau en bronze devint presque immédiatement très populaire au sein des cercles des riches et influentes familles florentines, et même au-delà. Il est documenté qu'une statuette se trouvait dans la magnifique Villa La Magia à Quarrata, propriété des plus importants mécènes de Giambologna, les Médicis. Leurs rivaux, l'influente famille bancaire florentino-romaine des Salviati, possédaient également un taureau en bronze "de la main de Susini". Associée à la statuette du Cheval, elle devint l'un des modèles les plus appréciés et les plus largement diffusés de Giambologna et Susini. Par exemple, les deux figuraient parmi un groupe de statuettes envoyées par les Médicis à Henri, prince de Galles, en 1612. Le Cheval et le Taureau furent également fondus en Europe du Nord, où ils furent particulièrement prisés, notamment aux Pays-Bas. Ils apparaissent ensemble sur une table au premier plan de La Galerie de Cornelis van der Geest de Willem van Haecht.?

Giambologna naquit sous le nom de Jean de Boulogne à Douai, en Flandre, en 1529. Après une formation en tant qu'apprenti auprès de Jacques Dubroeucq, il voyagea en Italie en 1550 pour étudier les chefs-d'œuvre de la sculpture classique et de la Renaissance. En route vers son pays natal, il visita Florence (vers 1552) et fut persuadé de s'y installer sous le patronage des ducs Médicis. Il devint finalement leur sculpteur de cour. Il greffa une compréhension de l'aspect formel de la statuaire de Michel-Ange sur une réévaluation approfondie de la sculpture gréco-romaine, telle qu'elle était quotidiennement révélée lors de nouvelles fouilles. Particulièrement influentes furent les représentations ambitieuses de figures et de groupes en mouvement violent, ainsi que la finesse technique des œuvres hellénistiques tardives, dont la plupart n'étaient pas accessibles aux générations précédentes (par exemple, le Taureau Farnèse, découvert en 1546).?

Pendant plus d'un demi-siècle, Giambologna domina la sculpture florentine, réalisant une série toujours plus impressionnante de groupes sculptés en marbre : Samson tuant un Philistin (1560–1562), Florence triomphant de Pise, L'Enlèvement d'une Sabine, Hercule tuant un Centaure. En outre, Giambologna produisit plusieurs statues en bronze extraordinaires, telles que Bacchus, Mercure et Neptune, culminant avec son monument équestre à Cosme Ier, grand-duc de Toscane. Ce dernier fut copié peu après pour les rois de France et d'Espagne. Vers 1570, Giambologna était devenu le sculpteur le plus influent d'Europe. Outre la renommée que ses statues monumentales à Florence lui apportèrent inévitablement, son style se diffusa sous la forme de petites reproductions en bronze de ses chefs-d'œuvre, ou de statuettes qu'il composa indépendamment comme ornements élégants pour l'intérieur. Celles-ci furent utilisées par les Médicis comme cadeaux diplomatiques pour des chefs d'État amis et furent également avidement achetées par des collectionneurs européens comme exemples du design florentin sophistiqué. Elles furent particulièrement prisées en Allemagne et dans les Pays-Bas, et furent largement illustrées dans des peintures d'intérieurs de galeries à la mode. Une autre manière par laquelle la réputation et le style de Giambologna se répandirent fut le déplacement de ses élèves et assistants. Beaucoup d'entre eux, comme lui-même, étaient originaires des Pays-Bas. Voyageant en Italie, ils travaillèrent un certain temps dans son atelier à Florence (qui devint une sorte d'entrepôt international) puis retournèrent chez eux, parfois avec une recommandation de sa part à un mécène particulier du nord de l'Europe. Par sa subtilité de composition, ses valeurs tactiles sensuelles et sa virtuosité technique pure, l'œuvre de Giambologna est pratiquement inégalée à toute époque ou dans tout pays.?

Bibliographie sélective :

Avery, Charles. Giambologna: The Complete Sculpture. Phaidon, 1987.?
Paolozzi Strozzi, Beatrice, et Dimitrios Zikos. Giambologna: Gli dei, gli eroi. Mandragora, 2006.?
Wengraf, Alexandra. Italian Renaissance and Baroque Bronzes in the Metropolitan Museum of Art. The Metropolitan Museum of Art, 2022.?
The Metropolitan Museum of Art
Zikos, Dimitrios. "Giambologna's Pacing Bull." Sotheby's Auction Catalogue, 2018.?