Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Apoxyomène en bronze par Alessandro Nelli, d'après Lysippe.
Bronze.
Rome.
Années 1870-1880.
h. 95 cm (posée sur un socle h. de 52 cm).
Cette réplique en bronze de l’Apoxyomenos, exécutée par la Fonderia Artistica d’Alessandro Nelli à Rome, dérive de la statue en marbre éponyme découverte en 1849 dans le quartier du Trastevere, à Rome, puis transférée au Museo Pio-Clementino : il s’agit d’un athlète nu, nettoyant son corps couvert d’huile et de poussière au moyen d’un strigile, dont l’original en bronze, attribué à Lysippe, avait été placé devant les Thermes d’Agrippa à Rome, jusqu’à ce que Tibère, selon Pline, particulièrement séduit par l’œuvre, la fasse déplacer dans l’une de ses chambres. Indigné par ce retrait, et bien que l’empereur lui ait substitué une autre statue, le peuple romain manifesta une vive protestation, et Tibère fut contraint de restituer le bronze malgré l’attachement profond qu’il avait conçu ...
... pour lui.
Pline rapporte aussi que l’une des propriétés stylistiques de Lysippe, sculpteur attitré d’Alexandre le Grand, résidait dans le traitement des cheveux. Les mèches de la fonte de Nelli y sont ainsi ciselées avec finesse, disposées de manière régulière autour du front et des tempes, conformément au style décrit par Pline. Lysippe s’est par ailleurs distingué par la modification apportée par lui aux proportions établies par le canon de Polyclète. Il s’écarte en effet des proportions polyclétéennes, où la tête de la statue doit représenter un septième de sa hauteur et leur préfère, selon Pline, des proportions plus élancées, un corps plus mince et plus maigre, une tête plus petite, enfin, correspondant à un huitième de la hauteur. Ces proportions altérées sont évidentes dans le marbre du Vatican, et sont fidèlement reproduites dans le bronze de Nelli. Tous ces éléments attestent que la réalisation de Nelli n’était pas purement décorative, mais était une reproduction rigoureuse de l’antique, effectuée avec minutie peu après la restauration et l’installation du marbre au Braccio Nuovo des Musées du Vatican.
Quant à la Fonderia Romana d’Alessandro Nelli, établie en 1871, elle s’était imposée rapidement comme un centre d’excellence pour la fonderie de bronze à Rome. Fondée au Trastevere — fortuitement le même quartier où l’Apoxyomenos avait été découvert —, la fonderie alliait maîtrise technique, exactitude historique et finition artistique, excellant tant dans les commandes publiques monumentales que dans la reproduction de modèles antiques. Musées, académies et collectionneurs privés obtenaient des bronzes Nelli, les uns désireux d’acquérir des répliques exactes des œuvres antiques, les autres, souvent nostalgiques du Grand Tour, attirés par la beauté et le prestige de ces reproductions impeccables des œuvres antiques.