Par Galerie Sismann
Au tournant du XVIe siècle, les anciens Pays-Bas méridionaux s’imposent comme l’un des foyers les plus féconds de la sculpture européenne. Les ateliers de Bruges, Bruxelles et Anvers, développent un langage formel d’une grande sophistication. Retables monumentaux, figures isolées destinées à la dévotion domestique, compositions narratives ou groupes liturgiques y voient le jour, témoignant d’une activité particulièrement florissante. C’est à cette prospère constellation artistique qu’appartient la présente statuette, dont l’élégance et la précision d’exécution renvoient directement aux meilleures productions flamandes du début du XVIe siècle.
L’œuvre figure Sainte Marguerite d’Antioche, l’une des héroïnes les plus populaires de la piété médiévale. Vierge martyre, elle triomphe du dragon envoyé pour la dévorer, emblème spectaculaire du Mal dont elle s’extrait miraculeusement. Ici, la sainte est représentée dans une attitude de ...
... prière silencieuse, les mains jointes et le visage incliné dans une expression de calme intériorisé. Le dragon, attribut indispensable permettant l’identification de la sainte, se tient à ses pieds, rappel discret mais essentiel de son triomphe spirituel. Cette sobriété iconographique, privilégie la dimension contemplative plutôt que l’épisode narratif.
Sur le plan stylistique, l’œuvre illustre pleinement les caractères du style brabançon. Les drapés, animés de plis anguleux et profondément creusés, forment une architecture textile savamment ordonnée ; les mèches ondulées de la chevelure se déploient en un relief souple et rythmé ; le visage, d’une douceur retenue, reflète cette sensibilité émotive caractéristique des ateliers bruxellois et flamands de la première moitié du XVIe siècle.
Le dragon visible aujourd’hui au pied de la sainte est une formidable addition du XIXe siècle, venue remplacer un élément disparu, indispensable à la lisibilité iconographique de la sculpture. L’intervention témoigne d’un savoir-faire remarquable. La restauration, particulièrement virtuose, a su intégrer la pièce rapportée avec une grande subtilité, respectant les volumes, la tonalité du bois et l’esprit de la composition, jusqu’à faire l’illusion presque parfaite d’une sculpture monoxyle. Notre œuvre illustre ainsi la sensibilité patrimoniale du XIXe siècle qui, conscient de la valeur historique et spirituelle de ces statuettes, s’efforçait de les préserver pour la transmission.
Ainsi, cette Sainte Marguerite apparaît comme un objet d’une rare qualité, doublé d’une histoire matérielle passionnante. Sculpture de dévotion issue de l’un des plus brillants foyers artistiques d’Europe, sa restauration ancienne témoigne de l’estime dont elle a bénéficier à travers les siècles. Par sa présence intime, la beauté de son modelé et la profondeur de son histoire matérielle, elle constitue un premier choix pour tout collectionneur soucieux de réunir des œuvres authentiques, sensibles et chargées de vie.
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