Par Franck Baptiste Paris
Très rare paire de grands brûle-parfums en porcelaine à glaçure céladon. Ils représentent deux Quilin* dont les corps font offices de récipients et les têtes de bouchons amovibles permettant aux effluves de parfum de s’échapper.
Ils reposent sur des tertres rocailles en bronze finement ciselé et doré au mercure.
Bel état de conservation, une des têtes restaurée.
Dorure d’origine.
La porcelaine, Chine, fin de l’époque Qianlong, début de l’époque Jiaqing.
La monture en bronze, Paris, début du XIXe siècle.
Numéros d’inventaires à l’encre indélébile au revers des socles : AMA 4393
Deux étiquettes dont une d’un marchand spécialisé en porcelaine de Chine, avec l’indication « Ming Dynasty 1368-1644 ».
Dimensions :
Hauteur : 20 cm
Profondeur : 24 cm
Largeur : 17 cm
Exemplaires proches :
- Page 159 du livre de Giacomo Wannenes, « Les bronzes ornementaux et les ...
... objets montés de Louis XIV à Napoléon III ».
- Vente Sotheby’s Paris, 14 septembre 2017, lot 42.
- Vente Rob Michiels, Bruges, Belgique, 24 février 2023, lot 945.
Notre avis :
La sublime paire de brûle-parfums que nous présentons arbore une magnifique glaçure translucide céladon.
Peu de modèles sont connus et souvent donnés d’époque Ming avec une monture d’époque Louis XV, comme dans le livre de Giacomo Wannenes, où lors de la vente Rob Michiels.
La fonte au sable, la dorure au mercure et les cires de fixation correspondent parfaitement aux critères de l’Ancien Régime, tout comme les teintes légèrement différentes ou les craquelures présentes sur les porcelaines, qui nous indiquent aussi une création artisanale.
La forme est clairement issue d’un modèle de l’époque Ming. Toutefois, ces porcelaines vont être une référence artistique, culturelle et sociale incontournable sous les règnes de l’empereur Qianlong et de son successeur Jiaqing, et seront donc reproduites par les artisans chinois à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.
Ces pièces seront montées sur bronze dès 1820-1830 par les grands magasins parisiens comme l’escalier de cristal, qui sera un des pionniers du retour du goût asiatique.
Ces précieux objets, réalisés par paire et alliant porcelaine de Chine et monture française sont d’une rareté exceptionnelle.
*Le quilin est un animal chimérique de la mythologie chinoise souvent appelé licorne dans les langues occidentales. Il ne réside que dans les endroits paisibles ou au voisinage d'un sage. En découvrir un est donc un bon présage. On lui prête aussi le pouvoir de donner un fils talentueux. Qi est le nom du mâle et lin celui de la femelle, qilin la combinaison des deux. Il est parfois appelé familièrement sibuxiang « qui ne ressemble à rien », terme englobant différents animaux réels ou imaginaires d'aspect composite. Comme il apparait dans les textes (mais pas toujours dans les représentations) avec une corne unique, on le nomme aussi licorne.
Selon le dictionnaire de la dynastie Han, le qilin est un animal doux et aimable, avec un corps de cerf, une queue de bœuf et une corne unique.
Il est l’incarnation même de l’harmonie. Selon certains, le cri du mâle présage l’apparition d’un sage, celui de la femme le retour à la paix.