Par Poncelin de Raucourt Fine Arts
École romaine, début XVII? siècle
Portrait d’un gentilhomme
Pierre noire estompée sur papier vergé légèrement teinté,
23 × 30 cm
Annoté en bas à gauche, d’une main postérieure : « Ant. van Dyck f. 1630 »
Provenance :
J. Goll von Franckenstein (L.2987) ;
Vente anonyme, Christie’s Amsterdam, 27 novembre 1982, lot 9 (comme « Circle of Anthony van Dyck »)
Ce dessin raffiné illustre avec justesse la virtuosité discrète de l’école romaine du premier Seicento, à une époque où le portrait dessiné connaît un véritable essor dans les milieux cultivés et artistiques de la Ville Éternelle. Le modèle, un homme d’âge mûr à la physionomie ferme et pénétrante, est représenté en buste et de trois quarts, son regard détourné, chargé d’une tranquille autorité. L’exécution à la pierre noire est d’une grande subtilité, révélant un art consommé du clair-obscur, sans surcharge ni effet dramatique.
Le style rappelle ...
... immédiatement les œuvres d’Ottavio Leoni (1578–1630), l’un des dessinateurs de portraits les plus en vue dans la Rome de son temps, souvent surnommé « il Padovanino ». Comme dans les nombreux feuillets conservés aux Uffizi, au British Museum ou à l’Albertina, on retrouve ici ce modelé adouci et enveloppant, une simplification maîtrisée des contours et l’absence de rehauts de blanc — autant d’éléments qui traduisent une esthétique de la retenue et de l’observation fine. Le format et le cadrage resserré accentuent l’intimité du portrait tout en lui conférant une certaine dignité.
La mention manuscrite attribuant le dessin à Van Dyck, sans doute postérieure et sans fondement solide, témoigne néanmoins de la proximité perçue, à l’œil nu, entre certaines pratiques du jeune maître flamand et celles de ses contemporains italiens. Toutefois, l’ensemble des caractéristiques plastiques invite à situer cette œuvre dans le cercle romain du portrait au début du XVII? siècle, probablement autour de Leoni, sans que l’on puisse l’attribuer directement à sa main.
Ce type de portrait a pu servir à immortaliser des membres de l’aristocratie ou des figures intellectuelles de la Rome baroque, à une époque où le dessin prenait souvent le relais de la peinture pour saisir sur le vif les traits d’un modèle. À la croisée entre rigueur formelle et sensibilité individuelle, cette effigie témoigne d’un art du portrait dessiné encore trop peu reconnu mais d’une profondeur remarquable.
Bibliographie indicative
– Y. Primarosa, Ottavio Leoni (1578–1630). Ritratti di Roma (catalogue raisonné), Rome, Ugo Bozzi, 2017.
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