Par Poncelin de Raucourt Fine Arts
Isidore Pils (Paris, 1813 – Douarnenez, 1875)
Étude d’une femme tenant un bol
Craie rouge, rehauts de craie blanche, sur papier chamois
36,3 × 26,5 cm (14 ¼ × 10 ? in.)
Provenance
Vente Isidore Pils, Paris, Hôtel Drouot [Durand-Ruel & Mannheim], 20 mars – 1er avril 1876, probablement partie du lot 844 (Figures diverses pour la “Distribution du pain aux indigents” : Dix feuilles, sanguine et crayon noir).
Issu d’une famille d’artistes, Isidore-Alexandre-Augustin Pils fut élève de François-Édouard Picot à l’École des Beaux-Arts. Lauréat du Prix de Rome en 1838, il séjourna cinq ans en Italie, jusqu’en 1844. Ses débuts furent marqués par des sujets religieux, avant qu’il ne s’oriente, après la guerre de Crimée à laquelle il assista comme observateur, vers la peinture militaire qui lui assura de nombreux succès et commandes, notamment pour Napoléon III.
Il s’intéressa également à des scènes de l’histoire contemporaine, comme ...
... en témoigne son célèbre Rouget de Lisle chantant la Marseillaise, exposé au Salon de 1849. Trois ans plus tard, il présenta au Salon de 1852 son grand tableau Les Soldats distribuant du pain et de la soupe aux pauvres, commandé par l’État pour 4 000 francs (aujourd’hui conservé au château de Fontainebleau, inv. RF 557). Longtemps considéré comme perdu, ce tableau n’était connu que par une lithographie publiée dans L’Illustration en 1852, avant d’être redécouvert. La scène, représentant une distribution de soupe populaire par l’armée en 1849, s’inspirerait des observations directes de l’artiste au Champ de Mars.
Le tableau fut considéré comme hautement significatif dans le contexte politique du Second Empire, certains critiques saluant la mise en avant du rôle de l’armée et du gouvernement dans le soulagement des misères populaires. L’œuvre fut de nouveau présentée à l’Exposition universelle de 1900.
Pour ce projet ambitieux, Pils réalisa de nombreuses études préparatoires : compositions d’ensemble, études de soldats et dessins de figures parmi la foule. La vente après décès de son atelier en 1876 mentionne ainsi plusieurs feuilles en rapport. Comme l’a souligné Gabriel Weisberg, ces études témoignent de la méthode précise de l’artiste, qui travaillait avec des modèles posant dans son atelier ou dans la rue, afin de restituer la vérité réaliste des attitudes et des expressions.
La feuille présentée ici est une étude pour la mère et l’enfant placés au centre de la composition finale des Soldats distribuant du pain et de la soupe aux pauvres. Un croquis plus sommaire à la sanguine de la même figure, sans le bol, se trouve dans une collection privée américaine. Pils puisait souvent ses modèles dans les quartiers populaires de Paris, convaincu que « c’est dans la rue, parmi le peuple, que l’on pouvait trouver des types et des modèles ; et de cette manière la peinture d’histoire pouvait devenir vraie et humaine ».
Notes
Château de Fontainebleau, inv. RF 557 ; Gabriel P. Weisberg, « Studies for Works in Another Medium », in Lisa Dickinson Michaux & Gabriel P. Weisberg, Expanding the Boundaries: Selected Drawings from the Yvonne and Gabriel P. Weisberg Collection, cat. exp., Minneapolis, 2008-2009, p.26, fig.8 (reprod.).
Gabriel P. Weisberg, « Early Realist Drawings of Isidore Pils », Master Drawings, Winter 1990, p.394, fig.7 ; p.392 ; pp.392-395 ; p.398, fig.11.
Lisa Dickinson Michaux & Gabriel P. Weisberg, op. cit., p.24, fig.7, détail illustré p.2 (dimensions 242 × 140 mm, peut-être issu d’un petit carnet).
L. Becq de Fouquières, Isidore Alexandre Auguste Pils : sa vie et ses œuvres, Paris, 1876, p.26 ; traduit in Gabriel P. Weisberg, The Realist Tradition: French Painting and Drawing 1830-1900, cat. exp., Cleveland et ailleurs, 1980-1982, p.111.
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