Saint Michel Archange, Giuseppe Marullo (Naples 1615 - 1685)

... tête. Fort et délicat à la fois, il se protège avec ses ailes déployées grâce à un imposant bouclier, tandis qu'il lève son épée, prêt à asséner le coup de la victoire à l'ange rebelle qui gît à ses pieds.

Sur le bouclier figure le monogramme de la locution latine "Quis sicut Deus" (littéralement, "Qui est comme Dieu ?"), une question rhétorique attribuée à l'archange, à la tête des rangs des anges fidèles à Dieu, qu'il prononça contre les anges rebelles menés par Lucifer, lorsque ces derniers défièrent le pouvoir de Dieu.

De douces draperies enveloppent le corps de l'ange d'un classicisme intense, tandis qu'une composition équilibrée concentre l'attention de l'observateur sur son visage angélique, impassible et défini par des formes douces et tendres, qui contraste avec la pose contorsionnée et l'expression malveillante de Lucifer.

La scène met en valeur les figures des deux antagonistes en lutte qui émergent, également éclairées, du fond sombre typique, faisant ressortir l'anatomie des corps, bien que l'utilisation de la couleur mette puissamment en évidence la figure de l'archange.

Les caractéristiques stylistiques du tableau montrent qu'il appartient à la culture figurative napolitaine de la fin du XVIIe siècle et les détails nous amènent à circonscrire sa paternité à la sphère de Massimo Stanzione, l'un des peintres les plus importants du XVIIe siècle à Naples, illustre chef de file de l'école qui a fortement façonné le milieu de la peinture napolitaine qui lui a succédé.

En particulier, à notre avis, l'exécution de notre toile peut facilement être attribuée à Giuseppe Marullo (1615 - 1685), l'un des meilleurs élèves et collaborateurs ultérieurs de Stanzione.

Dans le tableau que nous examinons, nous pouvons déceler le fort héritage stylistique de notre peintre envers son maître, qui, comme lui, a été fortement influencé par la tradition classiciste de l'école émilienne de peinture, en particulier par le Bolonais Guido Reni, qui se marie bien avec les thèmes diffusés par le Caravage, en atténuant le réalisme violent par des valeurs de beauté et de grâce ; Cet aspect atteint ici son apogée dans le visage éphébique du saint, que l'on retrouve presque tracé dans d'autres compositions de Marullus (comparez, par exemple, le visage de la jeune fille au premier plan du tableau "Loth et les filles", dans une collection privée de Naples, imm. 1).

L'habile effet du clair-obscur, qui donne du volume et de la substance au corps émergeant de l'obscurité, est bien combiné avec un brillant empâtement chromatique, avec le rouge profond du manteau de saint Michel, avec ses élégants plis sinueux, qui traverse scénographiquement tout le côté gauche de la toile et lui donne de la vivacité.