Par Galerie Mermoz
Cette bouteille sculpturale, hautement naturaliste, est une œuvre propre à la culture Moche, ou Mochica, qui a prospéré durant près de sept siècles sur la côte septentrionale du Pérou, une étroite bande désertique où l’eau était aussi rare et précieuse que l’or, et que ce peuple brillant a su transformer en oasis agricole grâce à des travaux hydrauliques de grande ampleur.
Cette pièce de valeur appartient au répertoire des céramiques fines, à usage cérémoniel. Elle a vraisemblablement appartenu à un personnage important avant d’être inhumée dans une sépulture en guise d’offrande. Elle représente un crapaud buffle, une espèce endémique dans cette région du Pérou, appelée ainsi en raison de sa corpulence. Un volume dont l’animal joue lorsqu’il se trouve menacé, en se gonflant tel un ballon pour paraître plus impressionnant, et que le maître-potier a ici remarquablement restitué.
La représentation d’un crapaud pourrait paraître ...
... anecdotique mais dans le contexte de l’ancien Pérou, il n’en est rien. Dans un monde aride et inhospitalier, tout ce qui pouvait agir sur la pluie, la croissance de la terre et au-delà sur l’existence après la mort, avait, de fait, une valeur sacrée. C’était le cas des crapauds, qui par leurs caractéristiques, étaient perçus comme des « faiseurs de pluie » et des « passeurs d’âmes ».