Une scène de village animée - Bartholomeus Grondonck

... un seul tableau signé et daté est actuellement répertorié : la Kermesse d'Audenarde (1617, huile sur cuivre, Paris, Tajan, 9 décembre 1996, lot 9). Cette composition est une réinterprétation directe d'une œuvre aujourd'hui perdue de David Vinckboons (1602), connue grâce à un dessin et une gravure de Nicolaes de Bruyn. La démarche de Grondonck révèle à la fois un œil précis pour la reproduction et un sens raffiné de la couleur et de l'atmosphère, éleva son œuvre au-delà de la simple copie. Son appartenance à l'école d'Anvers – caractérisée par une précision quasi-bijou et des tonalités lumineuses – l'inscrit dans le même écosystème artistique qui a nourri la jeune génération d'élèves de Brueghel et de paysagistes de petit format.

Bien qu'il soit connu pour avoir reproduit des œuvres d'autrui, la technique et la sensibilité picturale de Grondonck distinguent ses interprétations. La minutie de son coup de pinceau, la tonalité argentée de ses ciels et l'harmonie des couleurs et de la composition témoignent d'un peintre d'un grand raffinement. Son œuvre, de taille modeste, s'inscrit dans la tradition anversoise des tableaux de cabinet – des œuvres intimes destinées à des collectionneurs qui privilégiaient la virtuosité et le détail à la monumentalité.

L'ŒUVRE
Cette « Scène de village animée », d'une grande finesse d'exécution, illustre le talent de Grondonck pour adapter le langage visuel de Jan Brueghel l'Ancien à sa propre échelle miniature et délicate. Située dans une campagne lumineuse, la composition saisit un moment animé de la vie quotidienne : des paysans conversent au bord d'un ruisseau, des marchands guident des chariots tirés par des chevaux et des enfants jouent au premier plan. Les toits de chaume, la route sinueuse et les champs au loin se déploient en un vaste espace atmosphérique, évoquant à la fois la vivacité et la sérénité – une caractéristique des scènes de village brueghéliennes.
L'exécution raffinée sur parchemin, support rare et fragile, permet une précision extraordinaire dans le rendu des moindres détails – chaque feuille, chaque vêtement, chaque animal est méticuleusement décrit. L'aptitude de Grondonck à équilibrer animation et harmonie de la composition révèle son héritage de la tradition des paysages de Brueghel, tandis que sa palette plus douce et ses transitions de lumière plus subtiles témoignent de l'évolution de la sensibilité artistique dans les années 1620. La délicate modulation des verts et des ocres par l'artiste, ainsi que la composition soignée de ses personnages, confèrent à la scène un charme lyrique qui l'inscrit pleinement dans la tradition de la peinture de cabinet flamande.
Cette composition peut être comparée à la Kermesse d'Audenarde (1617, Tajan, Paris), signée Grondonck, où l'artiste témoigne d'une attention similaire portée aux groupes de paysans animés et à la structuration rythmique de l'espace. Dans les deux œuvres, Grondonck transforme le village quotidien en un théâtre d'activité humaine et d'allégorie morale, célébrant la communauté et la nature cyclique de la vie rurale. Ses tableaux, bien que rares, constituent un lien fascinant entre la précision du réalisme brueghélien et les tendances plus atmosphériques qui domineront l'art paysager flamand du milieu du XVIIe siècle.