Par Stéphane Renard Fine Art
Dans une atmosphère intimiste dominée par des couleurs chaudes, Nicolas Loir nous propose ici une première pensée, resserrée et rigoureusement agencée, de l’Adoration des bergers du Musée du Louvre dans laquelle il exprime toute son admiration pour l’art de Nicolas Poussin.
1. Nicolas Loir, un artiste parisien du XVIIème siècle inspiré par Bourdon et Poussin
Nicolas Loir naît en 1623 à Paris. Son père, orfèvre, le place d’abord chez Simon Vouet puis chez Sébastien Bourdon. A vingt-trois ans, en 1647, il part pour Rome où il séjourne deux ans, s’inspirant du classicisme de Raphaël et surtout de Nicolas Poussin qu’il rencontre et admire profondément.
A son retour en France en 1649, il reçoit ses premières grandes commandes de tableaux religieux pour des églises parisiennes, dont la plus prestigieuse est le May de Notre Dame pour l’année 1650. Il reçoit également de nombreuses commandes profanes pour des hôtels ou des châteaux de la région ...
... parisienne. Reçu à l’Académie en 1663, il est intégré à l’équipe de Le Brun et participe à la décoration des châteaux royaux de Vincennes, des Tuileries et de Versailles. Nommé professeur à l’Académie en 1666, puis adjoint du recteur en 1668, il meurt en 1679.
Il avait épousé Marguerite Cotelle, la fille du peintre Jean I Cotelle, un spécialiste des camaïeux et la sœur du peintre Jean II Cotelle. Dezallier d'Argenville, qui posséda plusieurs de ses dessins, nous dit que c'était un homme d'un tempérament doux et modeste, profondément honnête, très estimé de ses contemporains, y compris comme portraitiste. Nous retrouvons d’ailleurs les traits aimables de son caractère dans son portrait par Jean Tiger conservé au Château de Versailles (4ème photo de la galerie).
2. Description du tableau et œuvres en rapport
Notre tableau représente l’adoration de l’Enfant-Jésus, présenté au centre de la composition sur un linge blanc immaculé qui attire le regard, par les bergers. Alors que le personnage drapé de jaune sur la gauche est vraisemblablement Saint Joseph, la Vierge est représentée de face, contemplant l’enfant la main droite levée, les doigts écartés comme pour indiquer sa stupéfaction devant la réalisation de ce Mystère. Les cinq personnages sur la gauche, assez simplement vêtus, sont les bergers venus adorer l’Enfant, comme en témoigne le chevreau couché à ses pieds. Deux angelots portant des phylactères volent dans le ciel et complètent la composition.
Notre nativité a été peinte à l’huile sur une toile enduite d’une préparation brun-rouge, visible dans les deux coins supérieurs laissés en réserve, qui est typique de la peinture française du milieu du XVIIème siècle et que l’on trouve en particulier chez Nicolas Poussin. L’atmosphère générale du tableau révèle d’ailleurs l’influence déterminante de ce dernier, que ce soit par la gamme chromatique dominée par des couleurs primaires (le bleu du manteau de la Vierge, le rouge orangé de ceux des bergers sur la droite, le jaune assez vif du manteau de saint Joseph sur la gauche), le traitement assez tubulaire des personnages, mais aussi à travers de nombreuses références directes à des tableaux de Poussin. On peut par exemple citer les deux angelots, qui semblent s’inspirer de ceux qui surmontent le Martyre de Saint Erasme des musées du Vatican (5ème et 6ème photos de la galerie), ou encore le berger agenouillé sur la droite, qui reprend très largement (sur une base inversée) un des Bergers d’Arcadie (Musée du Louvre) (7ème et 8ème photo de la galerie).
La position des principaux protagonistes – Saint Joseph, la Vierge et les bergers – est assez proche de l’Adoration des Bergers du même Nicolas Loir conservée à la Yale University Art Gallery (9ème photo de la galerie), dans laquelle la position de l’Enfant est toutefois inversée.
Notre composition, beaucoup plus ramassée est particulièrement frappante par sa rigueur géométrique : une forme en V enserrant l’enfant, qui s’oppose au groupe triangulaire formé par Saint Joseph, la Vierge et le berger agenouillé sur la droite.
Nous reprenons ici l’argumentation développée par Catherine Sterling selon laquelle cette esquisse serait une première pensée pour l’Adoration des bergers du Musée du Louvre (10ème photo de la galerie). Il est important d’insister sur le fait qu’il s’agit bien d’une première pensée et non d’une étude préparatoire, puisque la composition a été entièrement remaniée dans le tableau du Louvre.
Bien que l’artiste ait interverti la place des personnages, nous retrouvons dans le tableau du Louvre la même composition en V centrée autour de l’Enfant qui est représenté de manière très proche de celui de notre esquisse. Le groupe des cinq bergers et Saint Joseph (représenté désormais debout derrière la Vierge) ont été inversés par rapport à l’Enfant et la position de la Vierge a été décalée vers la droite. Un des bergers est représenté les bras écartés et les mains grandes ouvertes reprenant le geste d’émerveillement qu’avait la Vierge dans notre esquisse. Le bœuf dont la tête apparaissait à l’extrême gauche de notre esquisse se retrouve représenté exactement de la même façon au centre du tableau du Louvre, juste derrière l’Enfant.
Il est intéressant de souligner qu’il existe également au Musée du Louvre un dessin à la mine de plomb et au lavis gris (dernière photo de la galerie) qui est aujourd’hui considéré comme une copie d’après cette Adoration des bergers et dont les deux angles supérieurs sont laissés en réserve comme ceux de notre tableau, suggérant l’existence d’un état antérieur pour le tableau du Louvre (dont les coins auraient depuis été complétés). Cette forme chantournée est assez classique pour un tableau d’autel et reprenait la forme des boiseries dans laquelle ce tableau devait s’insérer.
3. Encadrement
Notre esquisse est présentée dans un cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XIV dont les côtés, ornés de guillochés et de rinceaux de végétaux sont assez fortement relevés, ce qui renforce encore le caractère à la fois précieux et intime de cette adoration.
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