Singe à la tortue - Guido Righetti (1875-1958)

... l'Italie, qui s'est ralliée très tôt à l'idée de l'unité italienne. Dans sa jeunesse, il fréquentait la Casa Ricordi, une célèbre maison d'édition musicale, où il aurait sans doute côtoyé des peintres, des poètes et des musiciens dans les milieux artistiques et littéraires.
Après des études classiques, Righetti s'est intéressé au dessin, et ce sont les animaux qui deviennent le centre de son travail. Il observe ses sujets sur le vif, tant au zoo de Milan qu'au musée d'histoire naturelle. Sa fortune lui permet de se consacrer entièrement à sa passion, la sculpture animalière. Conseiller par le prince Paul Troubetzkoy, un ami de la famille et un sculpteur à succès qui enseignait à cette époque à l'Academia Brera, dont l'influence fut un temps considérable, il trouva rapidement son propre style. Righetti travaille l'argile, la cire et la plastiline et représente souvent les animaux qui entourent sa maison de campagne familiale à San Salvatore. Sa touche très fluide, qui donne un aspect velouté à la surface de ses bronzes, nous permettant de parler d'impressionnisme à propos de sa sculpture. Il sait aussi donner de la personnalité et de l'expression à chacun de ses modèles. Avec le temps, il déménage au San Salvatore, la maison de campagne de sa famille, sur les hauteurs stériles du Mont Erba. La maison avait été autrefois un monastère de capucins.
Il devient très populaire pendant l'entre-deux-guerres, lorsque le gouvernement italien et surtout la municipalité milanaise lui commandent des statues pour la décoration de parcs, de fontaines et de thermes. Cependant, il n'a participé en aucune façon à la glorification du régime. Vivant en reclus, il se retira à l'ermitage de San Salvatore dans la haute vallée de la Brianza, qui appartenait à sa famille, où il passa la plus grande partie de sa vie dans une solitude féconde. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale s'avère cependant désastreux pour sa carrière florissante. Plusieurs de ses pièces ont été détruites lors du bombardement de Milan en 1943 et d'autres ont été retirées des musées pour la récupération du bronze. Beaucoup de ses œuvres sont fondues afin de récupérer le métal pour l'effort de guerre.
Ruiné par la guerre, il a été contraint d'abandonner son ermitage en 1950 pour retourner vivre à Milan. En raison du climat économique et politique difficile, il ne reçoit plus de commandes de sculptures. On sait peu de choses sur la production de Righetti suite à la guerre, car l'artiste et ses sculptures ont disparu dans l'obscurité. Il est mort à Milan en 1958, oublié et quasiment démuni.