Par Stéphane Renard Fine Art
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Dimensions : 21.3 x 34.5 cm (châssis) – encadré : 30.4 x 43.8 cm
Provenance : Galerie Claude Bernard (étiquette au dos du châssis indiquant « Harpignies – Quatre études de paysage – 1852 »)
Dans cette toile extrêmement originale, et peut-être unique dans son œuvre, Harpignies juxtapose à la manière d’un patchwork quatre études de paysage vraisemblablement réalisées en plein air. Les formes à peine esquissées, l’usage de couleurs vives insufflent à cette toile une grande spontanéité résolument moderne. Ces quatre paysages qui pourraient évoquer quatre moments d’une même journée forment ensemble une œuvre quasi-abstraite et déroutante au premier regard.
1. Henri Harpignies et l’école de Barbizon
En 1846 Henri Harpignies quitte sa Valenciennes natale pour devenir peintre et entre dans l’atelier de Jean Achard (1807-1884) à Paris, alors que celui-ci se rapproche des peintres de l’Ecole de Barbizon. Après deux années de formation il ...
... part voyager en Italie.
De retour en France en 1850, Henri Harpignies rejoint Camille Corot (1796 – 1875) à Barbizon et bénéfice de son influence. Liés d’amitiés, les deux artistes effectuent ensemble un voyage en Italie en 1860.
De retour d’Italie en 1861, Harpignies obtient son premier succès au Salon dont il devient un des habitués. Il réside fréquemment à Hérisson dans le Bourbonnais, ainsi que dans le Nivernais et en Auvergne. Peintre et dessinateur prolixe il laisse une œuvre considérable constituée principalement de paysages mais incluant aussi quelques portraits.
2. Description de l’œuvre
Sur une toile oblongue (un format qu’il affectionnait), Henri Harpignies juxtapose quatre petites études de paysage vraisemblablement réalisées en plein air, comme s’il s’agissait d’une feuille d’étude. Deux vues sur la gauche évoquent la campagne (ou la moyenne montagne), et deux vues sur la droite représentent un paysage urbain, croqué d’un étage élevé permettant d’avoir une large vision du ciel.
La touche est très libre et la juxtaposition de ces quatre paysages crée de loin l’impression d’une composition quasi-abstraite dont le sens n’apparaît que quand l’on s’en rapproche. Il est probable que ces quatre paysages ont été réalisés dans un laps de temps assez court, et on pourrait même imaginer un fil narratif tout au long d’une même journée, décrite dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Si l’on suit cette idée nous aurions en haut à gauche le départ pour une balade, dans la lumière cristalline du matin. Mais le ciel commence déjà à se couvrir. Cette balade doit malheureusement être interrompue par l’arrivée du mauvais temps (paysage situé en bas à gauche).
Une fois de retour en ville, le ciel se dégage, les nuages laissant la place à un magnifique coucher de soleil en fin de journée. Le coucher de soleil, est l’image qui nous parait être la plus évocatrice et la plus attachante : avec une véritable économie de moyens, quelques touches de couleurs à peine esquissées permettent au peintre d’évoquer la splendeur d’un coucher de soleil au-dessus des toits d’une ville.
La date de 1852 indiquée sur l’étiquette de la Galerie Claude Bernard nous parait tout à fait cohérente avec le parcours artistique du peintre. Rentré d’Italie en 1850, Harpignies peint alors souvent à Barbizon, où il est sous l’influence de Camille Corot. Il nous parait d’ailleurs intéressant de rapprocher la composition de ce tableau d’un cliché-verre réalisé par Corot en 1856 présentant cinq esquisses de paysages (dernière photo de la galerie).
3. Encadrement
Ce tableau est présenté dans un cadre en bois doré et sculpté à motifs de rais-de-cœur et de ruban, de style Louis XVI mais vraisemblablement du XIXème siècle et donc contemporain de l’œuvre.
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