Pêcheurs à l’abri des falaises – Claude Joseph Vernet (1714 – 1789)

... l’art encore vivace de Salvator Rosa ». Comment ne pas voir dans cette composition l’influence de son illustre prédécesseur napolitain ? De toute évidence, notre tableau appartient à « la série de tableaux peints à la manière chaude de S. Rosa, sites montagneux pour la plupart… aux petits personnages secondaires ». Cf. Florence Ingersoll-Smouse
Malgré que Vernet soit à l’aube de sa carrière en 1735, notre composition n’en est pas moins virtuose, elle illustre l’habilité avec laquelle, très jeune, il joue avec les matières, la lumière et l’atmosphère. L’âme de celui que l’histoire de l’art retiendra comme le Peintre de paysage-marine français y est omniprésente.

Notre composition est sobrement sertie dans un cadre en bois sculpté et doré à rais de cœurs et rais de perles d’époque Louis XVI.
Dimensions : 59,5 x 54,5 cm – 72,5 x 67,5 cm avec le cadre
Provenance : Collection privée allemande.

Biographie :
Claude Joseph Vernet (Avignon 1714 – Paris 1789) est issu d’une fratrie de sept enfants dont trois garçons (Antoine Ignace, Antoine François et lui-même) qui reçurent tous trois l’enseignement de leur père Antoine Vernet, modeste peintre décorateur de province. Autour de 1731, il a probablement été l’élève de Jacques Vialy à Aix. Le marquis de Caumont et le comte de Quinson, admiratifs du talent du jeune Claude Joseph, le poussent à se rendre à Rome où il est signalé dès le mois de novembre 1734. C’est dans les compositions d’Adrien Manglard qu’il puise les éléments de ses premières œuvres en ligne directe avec la tradition classique du paysage-marine initié par Claude Lorrain. Vernet fait de nombreuses études d'après nature, dans le vallon de Tivoli, sur les rives du Tibre ou encore dans la baie de Naples. De retour en France en 1753, il jouit d'une grande notoriété (ses tableaux furent admirés au Salon de 1750) et est reçu à l'Académie. Le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du roi, lui commande aussitôt la série des Ports de France qui devait en compter 18 - 6 ports méditerranéens et 12 de la façade Atlantique – mais seulement 15 seront réalisés.
L’œuvre de Joseph Vernet comporte près de quatre cents tableaux. À la veille de l'avènement du Romantisme, l'œuvre de Vernet reste l'un des meilleurs témoignages des recherches des paysagistes français et sera imité par de nombreux petits maîtres (son frère Antoine Ignace, Lacroix de Marseille, Henri d’Arles, Jean-François Hue ou encore Pierre-Jacques Volaire), qui reprendront à leur compte ses effets de jeux de lumière et d'eau.
« Avec Claude-Joseph Vernet meurt le paysage-marine classique, cette conception latine qui… doit son développement d’abord au XVIIe siècle au génie de deux Français établis à Rome, Claude Lorrain et Poussin… L’art de Vernet est la fin d’un genre, et, désormais, c’est vers une autre conception du paysage et de la nature que s’en iront les nouvelles générations de peintres… » Cf. Florence Ingersoll-Smouse

Bibliographie :
- Ingersoll-Smouse Florence, Joseph Vernet, peintre de marine, 1714 – 1789, Etienne Bignou, 1926
- Conisbee Philip, Claude-Joseph Vernet, 1714 – 1789, France’s most famous landscape and marine painter of the eighteenth century, Greater London Council, catalogue de l’exposition au Greater London Council Held du 4 juin au 19 sept 1976.
- Ouvrage collectif, Joseph Vernet 1714 – 1789, catalogue de l’exposition du musée de la marine 15 oct. 76 au 9 janv. 77, Réunion des Musées Nationaux, 1976
- Lagrange Léon, Joseph Vernet : sa vie, sa famille, son siècle, d’après des documents inédits, reprint de l’édition de 1858, Hachette Livres, 2013
- Delaborde Henri, Joseph Vernet, Le Savoir en poche, 2017
- Boulaire Alain, La France maritime au temps de Louis XV et Louis XVI, Editions du Layeur, 2001
- Ouvrage collectif, La marine à voile de 1650 à 1890, autour de Claude-Joseph Vernet, Musée des Beaux-Arts de Rouen, Anthese, 1999