Par Galerie Alexandre Piatti
Ce ravissant médaillon en terre cuite, de forme ronde représente une femme de face jusqu’à hauteur du buste en haut-relief. Il est daté autour de la période 1500, et d’origine italienne.
La réalisation de médaillon en terre cuite représentant un buste et mis en valeur dans un cadre circulaire est inspiré des imagines clipeatae. Elles participent ainsi à l’essor du portrait à la Renaissance et à l’importance nouvelle accordée à l’individu « qui se découvrait lui-même dans ses faits et gestes » symbolisant l’humanisme de cette époque. Ainsi, les artistes explorent divers styles pour capturer non seulement l’aspect physique mais également la personnalité du sujet représenté.
Auparavant ce sont les dieux et les rois qui figuraient sur les médailles durant l’Antiquité. Cet engouement pour le numismate où la figure du souverain est privilégiée va se développer progressivement entre le XVI et le XVIIe siècles où les médaillons vont gagner ...
... en autonomie et en relief. De plus, la renaissance voit naître une nouvelle classe de nobles et riches marchands souhaitant commander des portraits pour affirmer leur richesses. Alors que la peinture et la gravure renvoient à la notion de présence, la sculpture comme ici en terre cuite renvoie à l’immortalité. L’encadrement circulaire participe également à faire écho à la médaille et à la couronne royale.
La technique de la terre cuite à la Renaissance consiste à enduire d’une patine le médaillon pour lui donner un effet bronze, permettant ainsi une grande rapidité d’exécution et une grande économie de moyens. L’ajout de cette matière noirâtre confère à l’oeuvre une certaine terriblità mélancolique. La prolifération de cette technique a parmi un grand renouveau artistique dépeignant des thèmes variés des motifs religieux à la vie quotidienne, enrichissant le patrimoine de l’époque. On peut imaginer que cette oeuvre est issue d’une commande réalisée pour une personne majeure de la renaissance qu’on a souhaité rendre éternel dans la matière.
La jeune femme, de face, possède un visage ovale entouré de deux mèches ondulées qui s’échappent de sa coiffe et qui encadrent délicatement son visage. Le haut de son buste aborde une robe avec un décolleté carré, montrant le raffinement qu’accordait cette femme à la mode de son temps et souligne son statut de femme influente. Sur son coup repose un élégant collier de perles qui enrichit sa tenue d’une touche sophistiquée.
Son rôle de duchesse eut également une grande influence dans le domaine politique de sa cour défiant les normes de genres de son époque et montrant sa capacité en tant que femme de participer activement aux affaires culturelles de son duché. Ainsi son histoire est un témoignage unique de la vie d’une femme occupant un poste élevé lors de la Renaissance.
Souvent immortalisée par les artistes de la Renaissance, elle fut même évoquée comme possible figure derrière le célèbre portrait de Mona Lisa de Léonard de Vinci. Elle sollicita le peintre pour réaliser son portrait en buste avec une attention particulière pour la minutie et la grandeur de l'oeuvre.
Dans cette oeuvre on retrouve de nombreuses caractéristiques avec le tondo : la présence des cheveux ondoyants de part et d’autre de son visage avec une certaine grâce. Son nez droit et délicat accentue l’harmonie de ses traits ainsi que la présence de lèvres fines et bien dessinées. Une importance toute particulière est aussi accordée à sa tenue soulignant son goût pour la mode.À travers cette oeuvre, Léonard de Vinci parvient à capturer l’essence d’Isabelle d’Este, mettant en lumière son rôle entant que mécène influente des arts durant la Renaissance.
D’autres artistes se sont également exercés à la représenter, c’est le cas de Francesco Francia. Possédant aussi des traits communs avec le portrait du tondo. Encore une fois, elle porte une coiffe élégante laissant échapper une partie de sa chevelure scindée en deux mèches bouclées qui encadre son visage. Sa robe possède aussi un décolleté carré qui souligne son statut de femme influente et raffinée. De plus, on retrouve le collier de perles ajoutant une touche sophistiquée à l'oeuvre.
Gian Cristoforo Romano réalise également son portrait en 1511 en reprenant plusieurs attributs déjà mentionnés auparavant, deux mèches qui s’échappent du reste de sa coiffure, son nez parfaitement dessiné ou encore ses lèvres fines, qui reflètent sa beauté classique. Le décolleté carré de sa robe met en valeur son port de tête noble, tandis que le collier orné qui l’encercle souligne son statut aristocratique. L’ensemble des éléments vestimentaires, à une époque marqué par l'humanisme, reflètent non seulement des choix esthétiques mais surtout le goût prédominant pourIsabelle d’Este pour la mode et son envie d’être représenté en tant que beauté idéale tout en s’inscrivant dans les normes de son temps.
Ainsi, ce tondo en terre cuite s’inscrit dans la lignée de ces représentations et permet d’élever cette oeuvre en tant que témoignage raffiné de l’art de la Renaissance. Il incarne la grâce intemporelle et l’idéal de beauté féminine porté par son époque.
Test de thermoluminescence effectué par le laboratoire Re.S.Artes : Période comprise entre 1470 - 1550 AD
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