Par Galerie Sismann
Cérès (l'Eté) et Vertumne (L'Automne)
Projet pour une paire de candélabres (?)
Terre cuite
France
Seconde moitié du XVIIIe siècle
H. 48 ; L. 14 cm.
Cette paire de terres cuites met en scène deux figures drapées en pied, portant chacune dans ses bras une corne d'abondance.
La première, féminine, est coiffée d'épis de blé semblables à ceux qui débordent de sa corne. Ces derniers nous permettent de reconnaitre sous les traits de cette jeune femme la déesse Cérès, personnifiant ici l'Eté, saison de la moisson.
Son pendant masculin porte lui une corne remplie de fruits d'Automne. Cette dernière, associée aux traits juvéniles du personnage et au voile remonté sur sa tête, désigne le dieu des jardins et des vergers Vertumne, personnifiant l'Automne. En effet, cette étoffe fait allusion aux amours du Dieu qui, pour séduire la nymphe Pomone, se déguisa en vieille femme afin de pouvoir lui parler. Le voile fait ici allusion au dénouement de ...
... l'histoire, lorsque Vertumne décida à terme de révéler son subterfuge à Pomone et ainsi de se « dévoiler ». Très appréciée dans l'art antique et classique, la figure de Vertumne rencontra un succès tout particulier dans la sculpture de jardin du Grand Siècle. A l'instar de notre statuette, on le retrouve ainsi coiffé d'un voile sur une célèbre version réalisée en 1696 par François Barrois (1656-1726) d'après une esquisse de François Girardon (1685) pour le parc du château de Versailles. Ce Vertumne s'inscrivait dans une série de quatre termes aux côtés de Pomone en personnification du Printemps (François Barrois), Cérès en Eté (Dumont et Coustou) et de l'Hiver (Raon). Figuré sur une planche de l'ouvrage de Charles de Clarac sur le musée de sculpture Antique et Moderne du Louvre, cet ensemble laisse penser que notre paire aurait autrefois été complétée par deux autres figures, Pomone et l'Hiver, formant ainsi un cycle complet des saisons.
Sur notre paire, le profil classique affirmé de Vertumne, au nez droit puissant, de même que la douceur et l'amabilité des faciès , ou encore leur nudité idéalisée, ne sont pas sans évoquer l'art des sculpteurs académiciens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, comme Guillaume II Coustou (1716-1777) ou encore son élève Pierre Julien (1731-1804). Ainsi, le canon épanouie de notre Cérès peut faire écho à celui des Trois Grâces attribuées à Pierre Julien, dont le groupe est aujourd'hui conservé dans les collections du musée Cognacq-Jay, et la physionomie de Vertumne à celle de son Buste d'Albinus, probablement réalisé dans les années 1760.
Au sein de notre groupe, chacune des cornes d'abondance présente en sa partie supérieure un percement, laissant envisager qu'il pourrait s'agir ici de projets visant à entériner la forme finale d'un spectaculaire ensemble de candélabres.