Par Galerie Mermoz
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Ce très beau vase à anse-goulot en forme d’étrier est emblématique de la remarquable et prolifique production céramique propre à la civilisation Moche, dite aussi Mochica, une société brillante, complexe et hiérarchisée, qui a fleurit sur la côte nord du Pérou au 1er millénaire de notre ère. Sa forme claire et élancée et l’exécution de la scène peinte, travaillée dans le style « fineline », en font une œuvre de la plus haute qualité, comme celles trouvées dans les sépultures de dignitaires et considérées comme « l’offrande par excellence » de l’élite moche.
Média de prédilection de cette société « sans écriture », au sens où nous l’entendons, les vases et les bouteilles élaborés servaient de support à la diffusion de l’idéologie politique et religieuse au sein de la société. Ils constituaient des biens de prestige signalant le haut statut des dignitaires qui les possédaient et participaient au déroulement des rites.
Il ...
... s’agit d’œuvres de grande valeur dont les caciques faisaient commerce ou bien qu’ils s’échangeaient, en guise de tribus ou de cadeaux, dans le cadre des relations entre chefferies Mochica. Nombre de ces pièces ont été finalement inhumées dans les tombes de ces derniers, avec comme fonction d’étancher la soif de l’âme du défunt au cours de son périlleux périple vers l’au-delà.
La bouteille ici présente est rattachée au style « fineline » qui qualifie des récipients bichromes, dont la surface est généralement de couleur crème ou beige et le décor réalisé à la peinture rouge en usant de traits fins. Les scènes dont il est question peuvent décrire le monde naturel (marin, terrestre, végétal) comme le monde surnaturel, la vie quotidienne (tissage, chasse, guerre, mode de vie) comme la vie rituelle (inhumation, sacrifices, processions).
La production des vases « fineline » daterait de la fin de la phase IV (400-700 après JC), sur les 5 phases que comptent la séquence chronologique proposée par l’archéologue Rafael Larco, pour ce qui concerne la production céramique des Mochicas du sud. Cette phase, appelée « Moche classique » est aussi celle des remarquables vases-portraits qui ont fait la réputation des maîtres-potiers Mochica et qui marquent l’apogée artistique de cette civilisation.
