Par Spectandum
XVI? siècle finissant ou début du XVII? siècle- Sujet biblique-dans le style de Joos van Cleve- Vierge à l’Enfant, huile sur panneau, 105 x 73,5 cm.
Observateur attentif, puis-je vous lancer un défi ? Saurez-vous déceler quelques éléments inhabituels dans ce panneau peint ? L’un concerne l’usage symbolique de la couleur, l’autre une modification ultérieure de l’image.
En effet, la Sainte Vierge ne porte pas son habituel manteau bleu céleste — symbole de pureté — mais une robe rouge. À la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, la Vierge était souvent représentée vêtue de rouge pour évoquer la Passion du Christ. Après tout, l’Enfant Jésus bénissant, tenant le globe, versera son sang pour la rédemption de l’humanité.
Le second élément singulier attire l’attention lorsque l’on observe de plus près le petit Jésus. Il semble qu’il ait été à l’origine représenté entièrement nu, avant qu’un voile transparent ne soit ...
... ajouté ultérieurement. À plusieurs époques, la nudité dans l’art a fait l’objet de certaines formes de censure. Ainsi, la surveillance de l’art chrétien fut fortement encouragée par le Concile de Trente (1545–1563), qui visait la réforme interne de l’Église catholique romaine.
L’un des théologiens importants suivant les directives du concile, Joannes Molanus (1533–1585), considérait la nudité de l’Enfant Jésus comme non édifiante et estimait qu’elle pouvait représenter un danger pour les enfants — peut-être faisait-il allusion aux risques de pédophilie.
Au XIX? siècle, un nouveau courant de puritanisme émergea. Un exemple célèbre de moraliste en ce sens fut le pape Pie IX, qui, en 1857, fit mutiler les organes génitaux de toutes les sculptures masculines nues du Vatican.