Vierge à l’Enfant entourée d’anges, attribué à Louis de Caullery et Abraham Govaerts

... fond d’un paysage boisé, la Vierge est assise avec son fils Jésus sur ses genoux. Ils sont entourés des anges en adoration. Certains leur offrent une coupe de fruits, remplie de pommes et raisins (symbole de la rédemption et du sacrifice du Christ). Adossés aux troncs d’arbres tortueux, le trio angélique donne un petit concert, jouant du violon, du luth et de la harpe. Tandis qu’aux pieds de la vierge trois angelots ramassent les fleurs pour confectionner une couronne fleurie pour Marie.
Toutes les figures sont richement vêtues d’étoffes colorées et étincelantes ce qui permet au peintre de déployer toute sa palette et son savoir-faire en modelant d’élégantes draperies.
Afin de renforcer la souveraineté de la Vierge, elle est représentée nimbée de lumière comme son fils Jésus.
Cette œuvre nous offre une composition dans le pur style de Caullery alliant délicatesse, coloris francs et une douceur incomparable des visages.
De son côté Abraham Govaerts excelle dans l’art du paysage, il nous plonge ici dans une atmosphère idyllique d’une clairière bordée par un petit cours d’eau. Les chênes majestueux au feuillage savamment dessinés se dressent au milieu, tandis que des mystérieuses percées embrumées entrainent notre regard vers l’horizon.
La colline où se dresse un château est baignée par une brume qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Jan Brueghel qui pourrait avoir été son maitre.

Malgré que le sujet de la Vierge à l’Enfant entourée des anges dans un paysage soit traditionnel dans la peinture flamande, il ne se base sur aucun récit biblique. Cependant dans certaines versions, la présence de Saint Joseph pourrait l'associer au « Repos pendant la fuite en Egypte ». Plusieurs hypothèses émises par les historiens de l’art proposent comme source d’inspiration les gravures d’Albrecht Durer (1471-1528) ou des œuvres d’artistes flamands comme Hans Memling ou Jan Van Eyck. Le thème est poursuivi avec beaucoup d’enthousiasme par les maniéristes anversois. A partir de la fin du XVIème siècle la Contre reforme accentue l’importance du culte marial qui devient le fer de lance de la lutte contre les hérétiques. Les épisodes liées à la Vierge vont connaitre un important retentissement dans l’art notamment à Anvers où se déroulent des grands travaux de reconstruction ou de décoration des églises durement touchées pendant la révolte iconoclaste.
Louis de Caullery comme un certain nombre de ses confrères s’adonne lui aussi naturellement à cette thématique.
Abraham Govaerts multiplie les collaborations avec des peintres spécialistes de figures pour répondre a la demande de ce type d’œuvres. On peut ainsi citer autre que Louis de Caullery, Frans Francken II (1581-1642), et Pieter Van Avont (1600-1652)