Par Galerie Alexandre Piatti
Cette belle paire de sculptures en marbre représente les saints Anne et
Joachim, parents de la Vierge. Absents des textes canoniques bibliques, les figures et l’histoire de ces saints proviennent du récit apocryphe grec du Protévangile de Jacques, puis de son adaptation latine l’Evangile du Pseudo-Matthieu. C’est toutefois au XIIIe siècle, grâce à la propagation de la Légende dorée par Jacques de Voragine, que leur image s’installe dans la culture populaire.
D’après les textes, Anne, fille d’Akar et Émérencie de la Tribu de Lévi, serait née à Bethléem vers l’an 55 avant J-C. Elle est décrite comme une femme pieuse et longtemps stérile. Sa figure fait souvent référence, dans les apocryphes, à son homonyme vétéro-testamentaire Hannah, mère de Samuel, prophète et dernier juge d’Israël. Joachim remonte quant à lui à la Tribu royale de Juda, descendant de la lignée du roi David. Pieux et charitable, il est pasteur de brebis à Nazareth puis ...
... s’occupe plus tard du cheptel de son père près de Jérusalem.
Les récits rapportent que leur rencontre a lieu à Jérusalem. Joachim se rendait régulièrement au Temple car il s’occupait de sa décoration. Alors qu’il lavait ses moutons dans la piscine de Bethesda, Anne se trouvait près de la Porte des brebis située juste à côté. Après vingt ans de mariage, le couple décide de se séparer car ils n’arrivent pas à enfanter. Désespérés par leur situation qui pose de nombreux problèmes dans leurs vies religieuse et personnelle, ils jeûnent et prient chacun de leur côté dans l’espoir d’être entendus par Dieu. Quarante jours plus tard, un ange leur apparaît séparément afin de leur transmettre qu’ils seront bientôt parents.
Leur Rencontre miraculeuse à la Porte dorée, après l’annonce de la prochaine naissance de leur enfant, compte parmi les représentations les plus populaires de ces deux saints. Au XIIIe siècle, la postérité légendaire de sainte Anne se diffuse et en découle le culte de la Sainte Parenté qui devient également une iconographie populaire des saints parents de la Vierge, en opposition à celle de la Sainte Famille. Leur culte décline progressivement au XVIe siècle dans les territoires touchés par la Contre-Réforme. Toutefois, en Italie, sainte Anne et saint Joachim continuent d’être représentés et vénérés. Ils sont les saints patrons des grands-parents et de la fécondité des couples.
Nos oeuvres sont sculptées sur trois faces et devaient donc être destinées à de petites niches, peut-être pour une chapelle dédiée aux deux saints. Saint Joachim est non finito : sa chevelure ne semble pas terminée. La technique du non finito apparaît pour la première fois dans les créations de Donatello qui désirait mettre en avant les intensités spirituelle et dramatique des sujets représentés. Il s’agit donc, pour certains artistes, d’une volonté artistique, d’une technique utilisée comme moyen d’expression. Pour d’autres, comme Michel-Ange, il semble que le non finito apparaisse plus comme une esthétique de l’inachevé qui résulte de la difficulté pour l’artiste d’atteindre la perfection.
L’artiste de nos saints Anne et Joachim emploie également la technique du trépan, sorte de foret actionné à la main au moyen d’un archet. Cet outil est employé depuis l’Antiquité afin d’atteindre des renfoncements, dégager des parties difficiles d’accès et dégrossir des gorges de faible diamètre en formant des cavités cylindriques. Lent mais précis, le trépan est destiné aux endroits très fragiles et à des matériaux durs comme le bois, la pierre et le marbre. La technique du trépan permet d’apporter mouvement et profondeur à l’ensemble.
Elles s’inscrivent dans la production de sculptures d’églises réalisées par des artistes baroques italiens à la fin du XVIIe siècle. Le sculpteur Orazio Marinali (1643-1720) a produit plusieurs oeuvres de ce type dont certaines sont exposées aujourd’hui au musée de la Ville de Crémone. Les dimensions, l’expression et la gestuelle des mains apportent une certaine dramatisation, typique de la sculpture baroque, et rappellent les caractéristiques de nos saints Anne et Joachim.
A San Gregorio da Sassola, un artiste probablement du cercle du Bernin a réalisé les sculptures pour le couvent Santa Maria Nuova. Deux d’entre elles figurent sainte Anne et saint Joachim avec cette même dramatisation exprimée par la gestuelle des personnages et par le mouvement des drapés et de leur corps.
Nos deux sculptures s’inscrivent donc dans la production du baroque italien de la fin du XVIIe siècle avec un mouvement exagéré, des effets dramatiques, une tension dans l’expression et une certaine exubérance des formes, comme la main de sainte Anne dont la taille contraste avec le reste du corps. Comme le disait Philippe Beaussant, l’époque baroque était « un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles ».
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