Par Ars Antiqua
France, vers 1810 -1820
Horloge de table avec servante
Bronze doré au mercure, h. 59,5 x 40,5 x 13 cm
Signé sur le cadran « Sézille Palais Royal n°133 à Paris »
Semblable au goût dominant de l'époque napoléonienne qui envisageait un retour à l'Antiquité, le style Empire était utilisé pour la décoration de meubles, de structures architecturales, d'ameublement, de papiers peints, de tissus et d'accessoires d'ameublement. Le style envisageait un retour à l'ordre sobre et classique, embelli par l'habit antiquaire faisant référence aux récentes découvertes archéologiques d'Herculanum et de Pompéi : la constante mémoire romaine et hellénistique était célébrée à travers des applications représentant des couronnes de laurier ou de chêne, au symbolisme impérial, des figures mythologiques , sphinx, muses, personnifications et bien plus encore.
Cette montre organise le boîtier mécanique sur une structure porteuse parallélépipédique, divisée en deux ...
... parties reliées par une frette sinueuse à fleurs; l'ensemble repose sur le plateau sur des pieds arrondis ornés d'un dense réseau de petites fleurs inscrites dans un losange modulable, aboutissant, dans l'accrochage au corps central de l'horloge, à une théorie de palmettes. La partie supérieure du corps parallélépipédique, inscrite de figures mythologiques comme les stèles antiques, enserre ces dernières d'un cadre de palmes stylisées entrecoupées de disques de fleurs, tour à tour accompagnés, sur les deux faces verticales, d'un vif triomphe de végétaux. Considérée comme la gamme iconographique utilisée par les bronziers pour décorer les horloges, il est possible de reconnaître dans la scène mythologique figurative la muse de la poésie et de la musique, Calliope, accompagnée des attributs de la lyre et de la branche de laurier, utilisés pour rendre hommage aux poètes. Les deux génies ailés qui se relaient devant elle portent des rouleaux et des plaques sur lesquels graver les vers que la muse dicte quotidiennement aux hommes ; le prix de l'intellect humain est souligné par les deux couronnes similaires que la muse tient dans ses mains, représentant un serpent se mordant la queue. Ce symbole, que l'époque médiévale empruntera au milieu hellénistique-romain du gnosticisme créant la figure de l'ouroboros, manifeste métaphoriquement la destination de l'horloge, servant à personnifier l'éternel retour du temps et le caractère cyclique de la vie matérielle des hommes.
Le boîtier de la montre est renfermé dans une cithare, à laquelle s'approche une femme couronnée de lauriers; la partie supérieure présente deux têtes de griffons en correspondance avec les bras de la cithare, et un second visage féminin couronné par un anneau de pétales/rayons faisant toujours allusion à la sublime élévation de la poésie. Sur le côté droit de l'instrument repose une torche allumée accompagnée d'une torche éteinte renversée, allusion au bien-être présent, vainqueur des travers de la vie, auquel fait également allusion le buste d'un philosophe sur un disque. Le cadran est une lunette en porcelaine tandis que les aiguilles sont Breuguet. Mécanisme à échappement "à ancre" avec balancier à fil de soie et percuteur système "partiora", sonne au passage des heures et des demi-heures.
La signature sur la pendule, "Sezille Palais Royal n°133 à Paris", indiquant la manufacture de production, permet de dater l'oeuvre entre 1820 et 1841, années où Louis Sézille, horloger, travaillait dans le cadre du "Palais Royal » Rue du Marché Neuf, Galerie de Pierre 133.
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