Par Franck Baptiste Paris
Rare et importante paire de consoles d’apparat en bois laqué et doré.
Chaque console présente un enfant potelé simplement vêtu d’un drapé qui cache sa nudité.
Agenouillé sur un tertre rocailleux il fait office de support central et supporte un lourd plateau de marbre sur sa tête et deux guirlandes de fruits dans ses mains.
Les deux putti qui tournent la tête dans le sens opposé se font face et se regardent lorsque les deux consoles sont positionnées côte à côte, ce qui donnent une agréable symétrie à la paire.
Bois de peuplier doré pour les supports de marbre et bois de résineux (probablement « Pinus Pinea », le peintre parasol romain) pour les putti, laqué blanc à l’imitation du marbre pour le corps , marron pour les tertres rocailleux et doré à la feuille pour les drapés et les guirlandes de fruits.
Plateau en placage de marbre jaune de Sienne incrusté d’un filet de marbre pourpre de type « semesanto » à minuscules inclusions.
Bel ...
... état de conservation, petites reprises à la laque, restaurations d’usage et manques aux pieds d’un putto à l’arrière d’une des deux consoles.
Travail Italien, Rome vers 1750.
Dimensions :
Hauteur: 98 cm pour l’une et 102 cm pour l’autre ; Largeur : 92 cm ; Profondeur : 45 cm
Notre avis :
Notre paire de console aux putti incarne la quintessence de l’art baroque romain.
Les grandes figures de nos piétements avaient pour but de présenter les luxueux plateaux en marbre ainsi que les collections de bronzes et de bustes qui prenaient place dessus.
Généralement positionnées dans les grandes galeries des palais italiens, elles permettaient au public d’admirer les collections d’antique et ainsi d’affirmer la puissance de leurs propriétaires.
Le plus bel exemple de cet art se trouve au palais Colonna ou la grande galerie de soixante-seize mètres inspira probablement le roi soleil pour son palais de Versailles.
La présence du mobilier original nous permet encore aujourd’hui d’admirer la série de grandes consoles aux figures de captifs qui prennent place de part et d’autre de la galerie.
Les malheureux turcs vaincus à la bataille de Lépante par Marcantonio Colonna sont condamnés à supporter les lourds plateaux d’albâtre antique et les interminables séries de bustes d’empereurs romains qui sont posés dessus.
C’est en effet à Rome ou une profusion de demeures avec de grandes galeries furent construites à l’époque baroque que cette mode connue le plus de succès.
Les palazzo Spada, Doria Pamphili , Corsini, Farnèse, Barberini… arboraient de telles consoles avant d’être remises au goût du jour au 18ème siècle avec des séries de consoles plus classiques.
L’extrême rareté de ce type de table vient aussi du fait qu’elles nécessitaient des sections de bois très importantes ainsi que du précieux marbre que toute la noblesse romaine se disputait.?Enfin il fallait embaucher un grand sculpteur car un simple menuisier ne pouvait mener à bien un tel travail de sculpture ou les proportions et la grâce sont primordiales.
Souvent le thème très dur du captif ou de l’esclave grimaçant sous le poids de sa charge est utilisé pour ce type de travaux, mais nos consoles présentent des puttis aux airs enjoués et rieurs qui supportent le poids avec une grande allégresse tout en maintenant une guirlande de fruits.
Le thème de la récolte des fruits et de l’abondance est un thème récurrent à Rome, le Latium étant une terre agricole par excellence mais il fait ici aussi référence au jardin d’Eden, avec des télémanons enfantins et innocents qui ne supportent pas le lourd fardeau de la terre mais plutôt le paradis céleste, ce qui donne à nos consoles un fort symbolisme religieux conformément à toutes les créations romaines de la période baroque.
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