Narcisse Virgile Diaz de la Peña (1808-1876), Élégants dans une forêt

... de Hugo et de Delacroix, ne vit que l'Orient de Decamps.
En 1836 (année de sa rencontre avec Rousseau), il tomba amoureux de la forêt de Fontainebleau, où il retrouva la plupart de ses motifs soigneusement choisis. Bientôt, des peintres se rassemblèrent autour de Rousseau, installé dans le village de Barbizon, rompant ainsi avec le cadre rigide du paysage académique. Cette libération préserva l'exaltation dramatique des romantiques, l'alliant à un profond sens du réel. Le spectacle d'une clairière ou d'un sous-bois était empreint d'une passion plus forte que l'anecdote visuelle. Avec Rousseau et Daubigny, Diaz contribua à effacer du paysage le pittoresque théâtral des grands panoramas romantiques ; plus originale encore était sa compréhension de l'effet purement pictural. Il connaissait les ressources du matériau qu'il maniait d'un pinceau fébrile. Tel un feu couvant, la lumière rouge s'insinue entre les masses vertes dans l'ombre épaisse et brûlante. La toile entière est imprégnée d'une lumière mystérieuse, de « joyaux solaires éblouissants » (Focillon). Au milieu des forêts et des jardins, de petites figures à peine définies émergent – fées, gitanes, nymphes ou élégantes – comme sorties d'une vision onirique.
« La peinture de Díaz est un rêve dans un pays enchanté. Ces forêts et ces créatures voluptueuses ne se rencontrent que dans les visions de haschisch, lorsqu'on est en parfaite santé et heureux. C'est à ce charme féerique que doit être attribué le succès de Díaz ; car sa peinture elle-même, ou plutôt son exécution, instillait une certaine crainte chez la bourgeoisie, qui préférait généralement les tableaux finis, clairs et faciles à comprendre. » Dans son Salon de 1846, Théophile Thoré nous offre un aperçu complet de son protégé, Narcisse Virgile Díaz de la Peña.

Notre tableau représente un jardin ensoleillé ou une clairière où un groupe de dames élégantes, vêtues de robes somptueuses, s'amusent et plaisantent. Ces charmantes petites scènes de genre font partie d'une série de petits panneaux que Díaz a réalisés vers le milieu du XIXe siècle, très appréciés du public et qu'il a lui-même proposés à la vente, les « ventes Díaz ». Certains d'entre eux portent même le sceau « Vente Diaz ». Dans notre cas, le panneau est signé au dos et, pour garantir une attribution sûre, il a été soumis à Michel Rodrigue, expert de Diaz et de l'École de Barbizon et membre de l'Union Française des Experts (UFE). Michel Rodrigue a examiné plus de 30 000 œuvres de l'École de Barbizon à ce jour.