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Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825)
Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825) - Tableaux et dessins Style Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825) - Stéphane Renard Fine Art Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825) - Antiquités - Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825)
Réf : 99200
VENDU
Époque :
XVIIIe siècle
Signature :
Jean-Frédéric Schall (1752-1825)
Provenance :
France
Materiaux :
Huille sur toile
Dimensions :
l. 47 cm X H. 60.5 cm
Tableaux et dessins  - Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825) XVIIIe siècle - Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825)  - Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825) Antiquités - Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825)
Stéphane Renard Fine Art
Stéphane Renard Fine Art

Tableaux et dessins du XVIIe au XX siècle


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Le supplice de la vestale, tableau lesbien et prémonitoire - Jean-Frédéric Schall (1752-1825)

60,5 x 47 cm – Encadré : 83 cm x 69.3 cm

Exposition : Jean- Frédéric Schall – exposition à l’Hôtel Jean Charpentier, à Paris du 2 au 26 mai 1929 – numéro 14

Provenance : Monsieur de Montmarqué
Monsieur Desparmet- Fitz-Gérald (vers 1930)
Vente Sotheby’s New York le 29 janvier 2021

Cadre « à pastel » en bois doré et sculpté d’époque Louis XV

Ce tableau atypique et terrifiant de Jean-Frédéric Schall représente le supplice d’une vestale, condamnée à être enterrée vivante pour avoir rompu ses vœux. Vêtue de manière contemporaine, notre vestale fait le lien entre la peinture galante de l’Ancien Régime et le néo-classicisme . Son érotisme sombre évoquerait les Anandrynes, ces « vestales » aux amours saphiques. Réalisé vraisemblablement en 1789, il annonce de manière prémonitoire les heures sombres des cachots de la Terreur.

1. Jean-Frédéric Schall, le maître des Fêtes galantes de la fin du XVIIIème ...

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... siècle

Jean-Frédéric Schall naît à Strasbourg en 1752 où il reçoit vers 1768 sa formation initiale à l’Ecole publique de dessin. En 1772 il s’installe à Paris où il est admis à l’Ecole des Elèves protégés de l’Académie Royale.

Ami de Jean-Honoré Fragonard et de Pierre Paul Prud’hon, Schall se spécialise dès 1776 dans les sujets galants, qui seront ensuite souvent reproduits par la gravure. Il représente les fêtes données dans les « Petites Maisons » par la société aristocratique ou financière aux comédiennes, danseuses, femmes à la mode qui sont leurs maîtresses. Il devient ainsi le mémoraliste des mœurs légères. Peintre de l’amour et du libertinage, Schall est aussi celui de la Danse. Il réalise de nombreux portraits scéniques des ballerines de l’Opéra, ou des actrices.

D’abord au service du duc Christian IV de Deux-Ponts, il travaille ensuite pour le Contrôleur de la Marine Godefroy et rentre dans la société du marquis de Girardin, de madame de Warrens et de Jean-Jacques Rousseau.

Pendant la Révolution, il aborde des sujets plus patriotiques, exposant aux salons de 1793 et de 1798, avant de revenir à la fin de sa vie vers des scènes galantes.

2. Description de l’œuvre et contexte historique

Les vestales étaient des prêtresses de la Rome Antique dédiées à Vesta, la déesse du foyer. Elles devaient entretenir le foyer public du temple de Vesta situé dans le Forum romain et faisaient vœu de chasteté pendant 30 ans. Toute relation sacrilège était punie de mort : la vestale était enterrée vivante et emmurée alors que son amant était flagellé à mort par le grand pontife.

Notre tableau représente une jeune femme vêtue de blanc, accoudée à une table, un mouchoir à la main. Une lampe à huile inspirée de l’antique constitue l’unique source de lumière de la scène, éclairant fortement notre héroïne et faisant ressortir sa gorge pantelante. Alors que la flamme de la lampe évoque le transport amoureux, la ceinture teintée de rose suggère la trahison de la vestale, trahison qui explique le terrifiant supplice auquel elle vient d’être condamnée : être enterrée vivante.

Le reste de l’immense pièce dans laquelle elle se trouve est plongé dans une profonde pénombre dans laquelle émergent quelques détails architecturaux : une porte surmontée d’un trumeau menant à une deuxième porte qui s’ouvre sur les ténèbres, deux colonnes sur la gauche et les poutres soutenant le plafond. Le mur de la pièce semble s’arrêter à mi-hauteur et s’ouvrir ainsi sur un espace dont l’immensité accentue le caractère angoissant.

Une masse sombre sur la gauche évoque une porte fermée d’un lourd battant métallique auquel est attaché une chaîne. Comble de l’horreur on aperçoit sur la table un tissu ensanglanté – la tunique de l’amant flagellé à mort ? Cette étoffe agit comme un aimant sur le corps de notre infortunée vestale qui détourne néanmoins son regard de ce spectacle insoutenable.

Ce geste théâtral, sa robe à la dernière mode, créent toutefois une distanciation entre la terreur qu’inspire le supplice de notre vestale et la représentation raffinée et affectée qui en est donnée, comme pour y introduire une dimension légèrement caricaturale ou nous ramener dans le monde de prédilection de Schall, celui de l’opéra et du théâtre.

Il est d’ailleurs très intéressant de souligner que le 19 août 1789, était présenté au Théâtre de la Nation Ericie ou la Vestale, une tragédie de Joseph-Gaspard Dubois-Fontanelle. Cette pièce avait été imprimée en 1769 mais n’avait pu être représentée à Paris. Même si l’histoire est légèrement différente, il est tentant d’inscrire la réalisation de notre tableau dans ce contexte historique.

3. Œuvres en rapport

Il nous semble que l’influence de Jean-Honoré Fragonard et de Marguerite Gérard est particulièrement forte dans ce tableau dans lequel l’attitude et le vêtement de notre vestale évoquent ceux de la jeune amoureuse du Baiser à la dérobée, exécuté entre 1786 et 1788 (avant dernière photo). Cette très forte similitude nous amène à penser que notre tableau a certainement été exécuté peu de temps après celui de Fragonard et conforte la proposition que nous faisions de le dater de 1789.

Avec le triomphe du goût néo-grec s’étaient multipliées les images idylliques de vestales. A l’approche de la révolution française ce thème est entièrement subverti : la vestale est désormais représentée comme une femme coupable conduite à son supplice, comme en témoigne le tableau de Danloux réalisé en 1790 (dernière photo).

Cette représentation, en 1789, d’une élégante emprisonnée dans un sombre cachot acquière une dimension prémonitoire si l’on pense aux heures sombres de la Terreur qui verront tant de femmes de l’aristocratie (dont la Reine Marie-Antoinette), connaître les rigueurs de l’enfermement, antichambre de l’échafaud.

4. Des vierges sacrées de l’Antiquité aux tribades de l’Ancien Régime

Le catalogue de l’exposition de 1929 décrit ainsi cette toile : « simulacre du châtiment, à la manière antique, des Anandrynes parjures à leurs serments : Sophie Arnould, Agnès et Denise Colombe, la Guimard et combien d’autres « vestales » du temple de madame de Fleury. » Cette description quelques éclaircissements.

A partir de 1770 aurait existé à Paris une secte des Anandrynes fondée par Thérèse de Fleury et dirigée par Françoise Raucourt, une actrice de la Comédie Française. Cette secte aurait été une sorte de loge maçonnique secrète rassemblant des lesbiennes, ou plutôt des tribades (car le mot « lesbienne » n’existait pas encore), recrutées dans la haute société ou dans le monde du théâtre et de l’opéra, qui faisaient le serment d’être les ennemies des hommes. En 1784 un certain Mathieu-François Pidansart de Mairobert publie un petit roman libertin qui révèle les activités occultes de ce groupe : La confession de Mademoiselle Sapho ou la Secte des anandrynes.

Les représentations de femme en vestale, ou accompagnée d’une colombe, prennent sous le pinceau de Schall une dimension symbolique en désignant leurs modèles comme des tribades, donnant un sens caché à notre tableau.

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Stéphane Renard Fine Art

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