JAN SLUIJTERS (1881-1957) - Fleurs dans un pot sur une chaise en osier

... expressionniste.

Comme il sied à un artiste moderne du début du XX? siècle, Sluijters entreprit, en janvier 1904, un voyage avec Leo Gestel en Belgique et en France, où ils visitèrent divers musées. Cette même année, Sluijters remporta le prestigieux Prix de Rome avec une grande toile académique. Grâce à la bourse qu’il obtint, Sluijters se rendit en Italie et en Espagne au début de 1905. À partir de ce moment, dit-il, il commença à se pencher sur la mystérieuse question de la «?beauté?» et de «?l’essence et la finalité de l’art?». Imiter la réalité le plus fidèlement possible perdit pour lui toute importance et son attention se concentra de plus en plus sur l’effet de la lumière du soleil et sur les gens dans la rue.

En 1906, Sluijters quitta l’Espagne plus tôt que prévu pour retourner à Paris. Cela lui permit de visiter juste à temps le Salon des Indépendants, où l’on pouvait voir les tableaux de Kees van Dongen représentant la vie nocturne parisienne. À cette époque, Paris était le centre du monde artistique et aussi la première ville où la lumière électrique moderne était utilisée à grande échelle. Inspiré par l’œuvre de Van Dongen, Sluijters entreprit à Paris sa propre quête d’un langage visuel capable d’exprimer ses impressions de la vie moderne urbaine. Café de Nuit – Café Olympia fut la première grande toile que Sluijters réalisa à Paris, où la nouvelle lumière électrique, éclatante, constitue le point central.

On peut sans aucun doute considérer Jan Sluijters comme l’un des artistes les plus importants du modernisme aux Pays-Bas. Avec Jan Toorop (1858-1928), il fut membre du conseil d’administration de la Moderne Kunstkring, fondée en 1910 par Conrad Kickert (1882-1965) en réaction à la résistance rencontrée par de nombreux artistes progressistes pour faire exposer leurs œuvres. Piet Mondriaan (1872-1944) faisait également partie du conseil. Comme Kees van Dongen (1877-1968), Sluijters fut fortement influencé par l’usage des couleurs des Fauves français. Son travail reposait entièrement sur la couleur ; sa maîtrise de la palette fut sa véritable signature.

Entre 1907 et 1911, Sluijters réalisa ses peintures luministes les plus célèbres et les plus audacieuses. Il intégra à son langage pictural expressif la touche dynamique et les couleurs pures qu’il avait observées dans les œuvres de Vincent van Gogh ainsi que chez les néo-impressionnistes et fauves parisiens. La couleur et la forme y jouaient un rôle plus grand et plus autonome, la perception de la lumière étant au centre de ses recherches. Sluijters développa cette forme expressive de pointillisme avec des points et des traits dynamiques aux couleurs éclatantes, que l’on désigne sous le nom de luminisme.

Cette nature morte précoce peut être datée vers 1909. La variété des coups de pinceau aux couleurs expressives et complémentaires donne à l’œuvre un dynamisme éclatant. L’usage de la couleur et les coups de pinceau parallèles et libres de cette nature morte traduisent l’influence du travail de Van Gogh. Outre la couleur et la ligne empruntées à Van Gogh, Sluijters étudia également ses idées artistiques, dont la chaise en osier constitue un exemple manifeste.