Immaculée conception en marbre - Gênes fin du XVIIe siècle

... Gênes, où s’exprime une théâtralité maîtrisée. La composition témoigne d’une très grande finesse avec une alternance de pleins et de vides notamment dans les mains liées de la Vierge. En effet, celles-ci s'entrelacent dans un geste de recueillement, une réelle prouesse technique.

Le mouvement fluide de son manteau est particulièrement visible dans les drapés, ce qui anime la figure d’un élan intérieur dans un grand sentiment de légèreté et d’élévation spirituelle. Son visage est empreint d’une grande douceur avec des traits raffinés, marqué par un nez droit, des yeux expressifs ainsi que des lèvres pulpeuses entrouvertes. La finesse d’exécution se retrouve même sur les écailles du serpent à ses pieds travaillé de manière précise et détaillée. Cette sculpture est ainsi l’incarnation du sacré dans la matière, devenant au contact du sculpteur vivant et spirituel.

À l'arrière de sa tête se trouve un orifice, qui indique la présence passée d’une couronne d’étoiles, référence directe à l’iconographie de l’Immaculée Conception couronnée.

Le culte de l’Immaculée conception commence dès le VII siècle en Espagne et se développe largement par la suite dans l’art chrétien au XIVe siècle. Il connaîtra une véritable apogée à l’époque baroque, surtout à Gênes où Marie est vénérée comme protectrice de la ville et des marins partant en mer. Ainsi, cette oeuvre était probablement destinée à une niche urbaine ou à un autel privé, illustrant la piété populaire.

De nombreux sculpteurs italiens ont représenté ce thème, mais après de nombreuses recherches, on peut attribuer cette sculpture à l’entourage de Filippo Parodi. Il est l’un des plus grands sculpteurs de Gènes au XVIIe siècle, connu pour la complexité de ces drapés et ces sculptures empreints d’une grande délicatesse. Né dans une famille de sculpteurs, il débute d’abord comme tailleur sur bois avant de se tourner progressivement vers le travail du marbre.

Dans cette oeuvre, Parodi, héritier du style de Bernini et influencé par Pierre Puget, parvient à insuffler au marbre une vitalité presque surnaturelle. Il donne à la matière une fluidité expressive, propre à susciter l’émotion et l’élévation spirituelle du spectateur. Il développera un grand foyer artistique symbole du baroque génois, qui rayonnait par la suite à travers l’Europe.

Le sculpteur a également employé la technique du trépan, outil de forage actionné à la main grâce à un archet. Cet outil employé depuis l’Antiquité permet d’atteindre des renforcements, de dégager des zones difficiles d’accès ainsi que de dégrossir des gorges en formant des cavités cylindriques. Cette technique lente et précise est destinée à des endroits fragiles dans des matériaux tels que du bois, de la pierre et du marbre.

Cette immaculée conception atteint un raffinement extrême dans le cadre typologique de la Vierge en vol, combiné à une habileté remarquable dans le traitement du marbre. Véritable prouesse technique, cette sculpture est une formidable démonstration du savoir-faire et du génie des artistes Génois à cette époque.