Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Hercule enchaînant Cerbère, d’après Augustin Pajou.
Plomb doré, marbre bleu turquin, marbre blanc de Carrare, brèche impériale, bronze patiné.
France.
XIXe siècle.
87 x 51 cm.
Un dessin de William Chambers, datant de 1774, nous apprend que le marquis de Voyer possédait un meuble d’ébénisterie abritant une cheminée-poêle, décoré aux battants d’une paire de médaillons représentant Orphée aux Enfers et Hercule enchaînant Cerbère.
Pajou avait reçu la commission de plusieurs portraits pour l’hôtel de Voyer d’Argenson, ainsi que des sculptures d’architecture et des ornements. Les noms de ceux qui ont œuvré à l’hôtel d’Argenson étant connus, noms presque tous célèbres, c’est à nul autre que Pajou que sont généralement attribués les médaillons reproduits par Chambers.
L’hôtel de Voyer d’Argenson est aussi connu sous le nom d’hôtel de la Chancellerie d’Orléans. Situé en face du Palais Royal, sur l’actuelle rue de ...
... Valois, avait été acquis en 1702 par Philippe, duc d’Orléans. Ce n’était alors qu’une maison, ayant appartenu au valet de chambre du duc, sur le terrain de laquelle on fit construire un hôtel particulier dessiné par Germain Boffrand. L’hôtel passe entre plusieurs mains : Mademoiselle de Séry, un temps maîtresse du duc ; le duc de Chartres, Louis d’Orléans, fils du Régent ; Marc-René de Voyer d’Argenson, enfin, marquis de Voyer, qui le fit réaménager entre 1760 et 1770 par Charles de Wailly.
Le présent relief, certainement postérieur aux travaux à l’hôtel d’Argenson, rappelle, par sa composition et sa polychromie, les quatre bas-reliefs modelés par Pajou pour les quatre dessus de porte du salon de l’hôtel. Dans ces compositions, à l’iconographie fondée sur les quatre éléments, des scènes mythologiques, en plâtre doré sur mixtion, animent un fond en plâtre stuqué de bleu foncé : le métal à la dorure « éteinte » du présent relief semble ainsi répondre au plâtre de ces Pluton et Proserpine, Borée, Cybèle aux reflets d’« ors vieillis » magnifiquement modelés par Pajou, tandis qu’une élégante plaque en marbre bleu turquin remplace le stuc bleu. Si les couleurs choisies pour ce relief sont assez courants à l’époque néoclassique, ce relief se distingue par un rocher simulé en marbre, originalité presque rocaille pour servir de promontoire à Hercule.
Sources
John Harris, « Sir William Chambers and his Parisian album », dans Architectural History, Londres, 1963 ; James David Draper et Guilhem Scherf, Pajou, Paris, 1997.