Gustaf Theodor Wallén (1860–1948) - Humeur d’après-midi

... Bergöö (future Larsson) et Jenny Nyström. Sous l’enseignement académique du professeur Georg von Rosen, Wallén développa de solides bases en dessin et en composition. Ses premières œuvres des années 1880 reflètent encore des thèmes de genre académiques exécutés avec une technique minutieuse, mais, comme beaucoup de ses contemporains, il fut rapidement séduit par la peinture directe d’après nature. Cette période de l’art scandinave – souvent appelée la percée moderne – vit les jeunes artistes délaisser les sujets idéalisés pour des scènes de la vie quotidienne et une représentation sincère de la nature. Les années formatrices de Wallén le placèrent ainsi au carrefour entre tradition académique et naturalisme de plein air, préparant son évolution stylistique.

« Humeur d’après-midi » à Vitemölla – Réalisme côtier et lumière nordique
Le véritable tournant de Wallén vint avec une scène côtière du sud de la Suède, où il sut conjuguer maîtrise académique et fraîcheur naturaliste. Vers 1886–87, il peignit Eftermiddagsstämning, Vitemölle, Skåne (« Humeur d’après-midi, Vitemölla, Scanie »), également connue sous le titre I väntan på far (« En attendant le père »). Le motif provient du village de pêcheurs de Vitemölla, sur la côte d’Österlen. Dans la composition, un jeune garçon de pêcheur se tient seul sur le rivage réchauffé par le soleil de fin de journée, scrutant l’horizon. L’atmosphère est paisible : quelques barques tirées sur le sable et des filets suspendus indiquent que la journée de travail est achevée. Wallén inonde la scène d’une lumière dorée et douce – « une lumière chaude d’après-midi » avec « un miroitement à la manière de Skagen » qui enveloppe la mer calme. Ce traitement lumineux évoque les peintres de Skagen, de l’autre côté du détroit au Danemark, célèbres pour leur saisie de la lumière translucide des côtes. Comme P.S. Krøyer et ses contemporains, fascinés par cette clarté nordique unique, Wallén peignit en plein air pour en capter les effets, offrant une vision réaliste de la lumière intense sur le sable et la mer. Ici, la douce lueur de l’après-midi traduit une attente paisible : l’enfant guette le retour de son père.

Pourtant, Humeur d’après-midi reflète aussi la sensibilité propre de Wallén. Là où certaines œuvres de Skagen fourmillent de vie communautaire ou de drames maritimes, sa toile est empreinte d’une méditation silencieuse. La solitude de l’enfant et l’horizon infini confèrent une poésie contemplative, à l’opposé des scènes de banquet de Krøyer ou des héroïques sauvetages de Michael Ancher. Le lien reste toutefois évident : un engagement commun envers la peinture réaliste de plein air et l’étude de la lumière naturelle, caractéristiques du mouvement scandinave. Grâce à son solide dessin académique et à sa délicatesse atmosphérique, Wallén crée une œuvre à la fois réaliste et émotive. Présentée sous le titre Afternoon Mood, la composition fut récompensée par la Médaille royale de l’Académie suédoise en 1887. Cet honneur marqua son émergence parmi les peintres notables du pays et lui valut une prestigieuse bourse de voyage. Wallén réalisa plusieurs versions de ce motif, et si l’on ignore laquelle fut précisément exposée et primée, la présente œuvre appartient manifestement à ce groupe important. Elle demeure un chef-d’œuvre précoce, captant la lumière côtière nordique avec une intensité qui rapproche Wallén des peintres de Skagen, tout en préservant une tendresse narrative résolument suédoise.

Paris, voyages et évolution stylistique
La médaille royale de 1887 fut décisive dans la carrière de Wallén. Outre l’honneur, elle s’accompagnait d’une pension d’État de trois ans pour étudier à l’étranger – une aide généreuse qui lui permit de fréquenter les centres artistiques européens. En 1888, il partit pour Paris, alors capitale de l’avant-garde. Il suivit un temps l’enseignement académique de William Bouguereau à l’Académie Julian, puis celui, plus libéral, de l’Académie Colarossi. Imprégné de la vie artistique parisienne, il exposa au Salon et découvrit les courants contemporains allant du classicisme académique à l’impressionnisme. Il croqua souvent les quais de Seine, même si le tumulte urbain se prêtait mal à une véritable peinture de plein air. Cherchant des sujets proches de ses racines maritimes, il séjourna durant l’été 1889 à Concarneau en Bretagne, puis sur l’île de Capri en Italie. En Bretagne, comme à Skagen, il retrouva ses motifs favoris : barques, ports et vie côtière. Ses toiles de cette période témoignent de son intérêt pour les communautés maritimes. Sur Capri et lors de voyages en Italie et en Espagne, il fut confronté à la lumière méditerranéenne, qui enrichit encore sa palette.

Durant ces années, son style évolua vers un mélange de technique académique solide et de touche plus libre, attentive aux lumières naturelles. Une œuvre marquante de ce voyage est I sorgehuset (« Dans la maison de deuil », 1889–90), scène de genre émouvante sans doute inspirée de ses observations à l’étranger. Présentée au Salon de Paris en 1892, elle y fut médaillée et achetée par l’État français – un honneur rare pour un artiste suédois. Cette reconnaissance internationale confirma la réussite de Wallén, passé des salles académiques de Stockholm aux expositions parisiennes de prestige. Dès le début des années 1890, il exposa en France comme en Suède, et à partir de 1894, il fut membre actif de la Société des artistes suédois (Konstnärsförbundet). Dans sa maturité, il se distingua par une grande diversité : paysages, marines, portraits intimes, aquarelles, sculptures – autant de facettes de sa curiosité artistique.
Wallén et les peintres de Skagen : similitudes et différences
L’art de Wallén occupe une place singulière dans le contexte nordique de la fin du XIX? siècle. Comme les peintres danois et norvégiens de Skagen, il s’attacha à représenter avec sincérité la vie côtière et les effets changeants de la lumière. Le groupe de Skagen – P.S. Krøyer, Anna et Michael Ancher, Oscar Björck (lui-même suédois), entre autres – se rassemblait dès les années 1880 po