Govert Dircksz Camphuysen (1623 – 1672) - Nature morte aux huîtres, à un Roemer et autres objets

... étude approfondie sur la vie et l’œuvre de l’artiste durant sa période suédoise (1652–1663), publiée dans Djur- och Stilleben i karolinskt måleri (1951, p. 15–26). L’œuvre revêt une importance significative dans l’histoire de l’art. Avec une autre nature morte non datée de Camphuysen, Nature morte aux provisions et au chat (anciennement dans la collection De Geer au château de Finspång), elle est considérée comme la plus ancienne nature morte connue de l’histoire de la peinture suédoise (op. cit., p. 24). Ces œuvres marquent les débuts du genre en Suède. Grâce à elles, Camphuysen introduisit un nouveau sujet qui sera repris plus tard par le peintre suédois Christian Thum (vers 1625–1686).

Comme beaucoup d’artistes de son époque, Camphuysen fut attiré par les échos d’un mécénat artistique croissant en Suède, et décida de chercher fortune au service de la jeune puissance montante. Au printemps 1652, il quitta Amsterdam avec sa famille et arriva en Scanie à l’automne. Dès 1653, il fut actif à la cour de la reine douairière Maria Eleonora à Nyköping (veuve de Gustave Adolphe et mère de la reine Christine). Les livres de comptes de cette dernière en 1654 indiquent que Camphuysen effectua plusieurs voyages pour elle, notamment à Arboga et Ulfsunda. En août de la même année, il revint d’Ulfsunda dans le cortège de la reine douairière (op. cit., p. 17–18). Cette même année, il réalisa également un grand tableau, Vaches et paysans (2 × 2 m), aujourd’hui conservé à Övedskloster en Scanie.

Après la mort de la reine douairière, le 28 mars 1655, Camphuysen s’installa à Stockholm. Son nom figure régulièrement dans les registres de baptême de l’Église allemande jusqu’en 1661. Selon Old Granberg (Konsthistoriska studier och anteckningar, 1895, p. 46), Camphuysen fut également peintre de cour du roi Charles X Gustave après l’abdication de la reine Christine. C’est durant cette période qu’il réalisa ce qui est peut-être son œuvre la plus célèbre : Le château royal des Trois Couronnes, datée de 1661 — une vue topographique emblématique du Stockholm du XVII? siècle (Musée de la ville de Stockholm). Dans ses dernières années en Suède, Camphuysen travailla au service de Magnus Gabriel De la Gardie à Jacobsdal (aujourd’hui Ulriksdal). Les archives du château attestent de travaux décoratifs réalisés dans la grande salle entre 1662 et 1663 (Rapp, op. cit., p. 25). Il retourna à Amsterdam en 1665.

Le tableau présenté ici provient de l’ancien domaine d’Ekhof, dont les origines remontent au XVI? siècle. En 1566, Sigvard Månsson Kruse af Elghammar (1578–1624) acquit l’un des deux domaines fiscaux du village et le transforma en fief noble. Son fils, le général Erik Kruse af Kajbala (1616–1665), obtint l’exemption fiscale en 1653 et fit construire un manoir nommé à l’origine Ånhammar. Le domaine passa ensuite à son fils, Carl Gustaf af Kruse (1651–1732), et resta dans la famille jusqu’en 1720. Durant la captivité de son mari en Russie après la bataille de Poltava, Charlotta Catharina, l’épouse de Carl Kruse, vendit la propriété. Celle-ci fut acquise par la veuve Belau (ou Below), et le domaine prit le nom d’Ekhammarshof, puis d’Ekhof. Il passa ensuite à son gendre, Gudmund Adelberth. Sa petite-fille, Hedvig Charlotta von Fuhrman, épousa Ture Johan Bielke en 1768. Ce dernier fit construire le bâtiment principal actuel vers 1790 ; il fut achevé en 1792. Impliqué dans le complot visant à assassiner le roi Gustave III, Bielke mit fin à ses jours par empoisonnement pour éviter un procès. Sa veuve demeura au domaine jusqu’en 1795. Parmi les propriétaires ultérieurs figurent les familles von Baumgarten (1799), Wachtmeister (1816), Edlund (1825), Lönnerberg (1849) et Aspelin (1856). À partir de 1926, le domaine appartint à la famille Björling, puis fut acquis en 1978 par Johan et Lena Rinman. Aujourd’hui, le domaine est exploité sous la raison sociale Ekhov Säteri AB.