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École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique
École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique - Tableaux et dessins Style Renaissance École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique - Dei Bardi Art
Réf : 119580
36 000 €
Époque :
<= XVIe siècle
Provenance :
Ecole flamande
Materiaux :
Huile sur cuivre
Dimensions :
l. 29.5 cm X H. 24.5 cm
Tableaux et dessins Tableaux XVIe siècle - École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique XVIe siècle et avant - École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique
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Sculptures et objets d'art Haute Epoque et Renaissance


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École flamande du XVIe siècle - Allégorie de l’Afrique

École flamande du XVIe siècle
Allégorie de l’Afrique?
D’après Les Allégories des Continents de Maerten de Vos (gravure d’Adriaen Collaert)?
Huile sur cuivre?
Inscription : « Giulio Romano » au revers?
Dimensions : 29,5 x 24,5 cm?(sans cadre)
Provenance : Collection particulière, Florence, Italie

Cette remarquable peinture sur cuivre s’inspire directement de la célèbre série de gravures d’Adriaen Collaert représentant les Quatre Continents (Metropolitan Museum of Art), elles-mêmes conçues d’après les dessins originaux de Maerten de Vos. À la fin du XVIe siècle, l’essor des atlas et des cartes géographiques s’accompagna d’un vif intérêt pour la représentation imagée des nouvelles réalités géographiques, donnant naissance à un genre iconographique spécifique : les allégories des continents. Ces représentations allégoriques reflétaient les mutations culturelles et intellectuelles induites par l’expansion européenne et les ...

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... grandes découvertes.
La standardisation des attributs allégoriques fut en grande partie codifiée par l’Iconologia de Cesare Ripa, parue en 1593, ouvrage de référence qui connut un succès considérable et fut largement diffusé à travers l’Europe. Ripa s’appuyait également sur les récits de voyage contemporains pour enrichir ses descriptions.
Dans la série de Collaert, chaque continent est personnifié par une figure centrale entourée d’attributs symboliques et accompagnée d’un « animal caractéristique » : l’Amérique chevauche un tatou, l’Afrique est assise sur un crocodile et l’Asie monte un chameau. L’Europe, en revanche, repose sur un globe, exprimant ainsi sa prétention à une domination universelle.
Les représentations de l’Afrique et de l’Amérique traduisent la perception européenne de ces continents comme des terres vierges et primitives. L’Afrique, notamment, y est figurée à demi-nue, en contraste avec les figures richement vêtues de l’Asie et de l’Europe, exprimant à la fois une vision d’exotisme et d’innocence, dans la droite ligne du mythe d’un nouvel Éden situé hors d’Europe.
Si, dans la gravure de Collaert, la peau de l’allégorie de l’Afrique apparaît claire, certains détails comme sa chevelure crépue et son couvre-chef évoquent un exotisme subtil. Cette iconographie initiale, fondée sur les modèles de Ripa en 1593, évolua toutefois au fil des éditions successives. En particulier, l’édition italienne de 1613 reflète une meilleure connaissance de l’Afrique subsaharienne, introduisant des figures à la peau plus sombre et aux traits plus marqués, témoignant d’une racialisation progressive de la représentation de l’Afrique. Ce changement permet de situer notre peinture avant 1613, période au cours de laquelle le modèle iconographique se modifie.
L’arrière-plan de la composition reprend les éléments architecturaux déjà présents dans la série de Collaert et de Vos, incluant des ruines antiques — égyptiennes et carthaginoises — qui inscrivent l’Afrique dans une histoire à la fois prestigieuse et lointaine, entre passé biblique et héritage antique.
L’iconographie de l’Allégorie de l’Afrique est d’une grande richesse symbolique. Dans la série de Collaert, les animaux associés à chaque continent renvoient aux caractéristiques que l’Europe attribuait à ces régions : le crocodile souligne le caractère indompté et mystérieux de l’Afrique, mêlant fascination et crainte. Le caméléon renvoie à la faune tropicale, tandis que le lion et les éléphants, présents dans l’Iconologia, incarnent la puissance et l’exotisme sauvage de ce territoire. La présence d’un basilic (ou cockatrice) témoigne de la méconnaissance partielle de l’Afrique dans l’imaginaire des artistes européens du XVIe siècle.
Si la figure allégorique de l’Afrique dans notre tableau s’adapte aux canons esthétiques européens — teint clair, traits délicats — elle conserve néanmoins une posture de force et d’assurance, traduisant la double perception européenne de l’époque : une fascination pour l’Autre, mêlée à une volonté de conquête et de domination. Cette ambiguïté, entre admiration et érotisation de l’Afrique, reflète la tension inhérente à la pensée coloniale naissante.
L’œuvre illustre par ailleurs la fusion des traditions artistiques italiennes et flamandes. L’inscription « Giulio Romano » au revers, bien que probablement apocryphe, témoigne d’une ancienne attribution italienne, suggérant que la peinture fut très tôt conservée dans la péninsule. L’influence italienne transparaît particulièrement dans le traitement de la figure centrale, avec ses cheveux blonds ondulés et ses traits délicats, qui évoquent des artistes florentins comme Cristofano Allori, peintre de la cour médicéenne. Cependant, le modelé vigoureux du corps et la minutie des détails du paysage rappellent davantage les traditions flamandes.
Cet éclectisme stylistique, associant maniérisme italien et naturalisme nordique, reflète parfaitement l’environnement artistique d’Anvers à la fin du XVIe siècle. Ville cosmopolite, Anvers attire alors de nombreux artistes venus d’Italie et d’ailleurs, favorisant la circulation des modèles et des techniques pour répondre aux goûts variés d’une clientèle aisée et cultivée.
Enfin, cette œuvre témoigne de la manière dont les artistes européens se sont approprié et réinterprété les cultures extra-européennes, façonnant durablement les représentations occidentales de l’Afrique à travers le prisme de l’allégorie, entre fascination exotique et volonté d’assimilation. En adaptant les compositions de Maerten de Vos, les artistes flamands ont contribué à diffuser une image de l’Afrique où se mêlent érudition humaniste, ambitions coloniales et fantasmes collectifs.

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Tableaux XVIe siècle Renaissance

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