Coffret de mariage, atelier des Embriachi, XVe siècle Venise

... et des
chevaux et ce, même lorsque l’atelier s’installe à
Venise, pourtant port important pour l’importation
d’ivoire d'éléphant en occident. Ces plaquettes
sont ensuite fixées côte à côte sur une âme de
bois. Initialement l’ensemble de la production
regroupant ces caractéristiques lui était attribué,
mais d’autres ateliers, moins importants dans le
nord de l’Italie, ont été découverts.
Si Baldassarre est une figure importante de l’atelier,
il ne s’occupe pourtant pas de la production.
L’homme issu d’une famille noble de Florence,
anobli par l'empereur Charles IV, protégé de
Richard II, de Martin I d'Aragon et lié à Jean Galéas
Visconti est avant tout marchand et entrepreneur.
En effet, la figure artistique de l’atelier est Giovanni
di Jacopo, florentin nommé dans un document
testamentaire de 1395 “maestro de’ miei lavori
dell’osso” (= maître de mes œuvres en os). Il
semblerait qu’il ait aussi dirigé l’atelier à Florence
avant l'installation à Venise. Durant sa carrière il
s’associe avec de nombreux collaborateurs pour
faire face à la demande et poursuit son travail avec
les descendants de Baldassarre, après le décès de
ce dernier.
Coffrets de mariage
Apparus sur la scène artistique de l'Italie du nord
dans le 3e quart du XIVe, ils sont créés pour
contenir des biens précieux comme des bijoux ou
soieries, mais sont surtout des cadeaux
symboliques. Ils scellent l’engagement du mariage,
comme l’indique la présence d’insignes lisses sur
lesquels sont peintes ou appliquées les armoiries
des familles fiancées.
Leur production remplace celle des coffrets
gothiques français bien qu’ils soient
esthétiquement assez éloignés. En effet, ici l’os est
utilisé, ce qui n’était pas le cas et les coffrets
gothiques représentaient principalement des sujet
courtois et galant tandis qu’ici l’iconographie
renvoie aux mythes de l’antiquité classique
remaniés à travers les romans médiévaux ou à de
récits italiens. Artistiquement, ces coffrets renvoient
plutôt à une tradition hellénistique tardive et
byzantine avec des similitudes structurelles et
iconographiques. Si la structure formelle n’est pas
une “invention” originale de l’atelier des Embriachi,
ce dernier va néanmoins relancer leur attractivité.
Malgré une certaine récurrence dans
l’iconographie, celle-ci va évoluer jusqu'à la
représentation répétitive de figures féminines et
masculines se faisant face. Cela s’accompagne
d’une simplification des costumes et des arrières
plans. Parallèlement se sont placées dans les
angles des figures symboliques armées d’une
massue et d’un bouclier qui peuvent représenter,
lorsque sont des femmes, les vertus. Cette
production est alors moins coûteuse. Ces coffrets
sont aussi le lieu d’expression de la technique dite
“Certosina”. Elle consiste en l’utilisation de petits
morceaux de bois clair et foncé d’os naturels ou
peints en vert et de cornes qui composent des
petits dessins : clefs grecques, damier, chevrons
etc. Certains concerts en sont ainsi entièrement
décorés sans plaques figuratives
Enfin, dans le troisième quart du XVe ce type de
coffret arrête d'évoluer et ne sert plus comme
cadeau de mariage mais à satisfaire un goût pour
l’antique.