Par Dei Bardi Art
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Coffret hispano-mauresque mudéjar en noyer incrusté d’os
Espagne, XVI?–XVII? siècle
Noyer, incrustations d’os, ferrures en fer
44,5 × 30,5 × 18 cm
Provenance:
collection privée Belge.
Ce coffret rectangulaire en noyer, somptueusement orné d’incrustations d’os, illustre l’apogée de la tradition hispano-mauresque qui, de la fin du Moyen Âge à la Renaissance, donna naissance à certaines des productions les plus raffinées de l’art ibérique. Ses parois sont entièrement couvertes de réseaux géométriques et stellaires d’une précision virtuose : le couvercle révèle à l’intérieur une rosette rayonnante, tandis que les côtés se parent de motifs en treillis et en entrelacs. L’ornementation, qui combine rigueur géométrique et délicates inflexions florales, évoque tour à tour la texture chatoyante des tapisseries et brocarts, la complexité des tapis orientaux ou encore les rosettes enluminées qui ponctuent les manuscrits islamiques et ...
... mudéjars.
Destiné à orner une table ou un cabinet, ce type de coffret accueillait des objets précieux, instruments d’écriture ou effets personnels. Sa décoration fastueuse s’inscrit dans la continuité des arts du marqueterie nasride, hérités de Grenade, où l’on produisit pour les palais royaux et aristocratiques des ensembles mobiliers incrustés d’une rare sophistication. Parmi les parallèles les plus significatifs figurent les portes en bois incrusté du Museo de la Alhambraainsi qu’un coffret compartimenté conservé au Museo Arqueológico Nacional, proche de l’exemplaire de la Hispanic Society of America, identifié par Juan Zozaya comme un pupitre d’écriture. Si notre coffret est légèrement postérieur, il n’en perpétue pas moins cette tradition technique et ornementale, transmise aux ateliers chrétiens par les maîtres mudéjars.
L’art de la micro-mosaïque de marqueterie, porté à son sommet sous le patronage nasride des XIV? et XV? siècles, trouva un prolongement durable dans les ateliers d’Andalousie et de Castille. Là, des artisans formés aux pratiques islamiques comme européennes surent élaborer des formes hybrides qui séduisirent une clientèle aristocratique chrétienne. Le style dit mudéjar — issu de l’arabe Mudajjan, « dompté » — désignait les musulmans demeurés en péninsule Ibérique après la Reconquête et soumis à la domination des rois chrétiens. Les objets issus de cette tradition, le plus souvent séculiers, étaient destinés à abriter bijoux, documents ou trésors personnels. Leur décor, foisonnant et savant, manifeste un dialogue fécond entre cultures, alliant virtuosité technique et permanence des structures géométriques islamiques dans la culture matérielle de l’Espagne renaissante.
Rares sont les coffrets de ce type parvenus jusqu’à nous ; ils devaient pourtant constituer un mobilier d’apparat relativement répandu au XVI? siècle. Un exemplaire comparable, en noyer incrusté d’os, est publié dans Caliphs and Kings: The Art and Influence of Islamic Spain. Selections from the Hispanic Society of America (New York, 2004, cat. 86, p. 108).
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