Par Galerie Alexandre Piatti
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Ce calice en cuivre doré, orné d’incrustations d’argent niellé, constitue un remarquable exemple d’orfèvrerie religieuse inspirée de la tradition gothique. Il est daté du XVe siècle, d’origine italienne plus particulièrement deSienne. Objet liturgique d’une grande richesse symbolique et esthétique, il était destiné à contenir le vin consacré au moment de l’Eucharistie, en mémoire de la coupe partagée par le Christ lors de la Dernière Cène. Par sa forme et son décor, il s’inscrit dans la continuité d’un modèle typologique médiéval tout en témoignant d’un savoir-faire raffiné.
Ce raffinement reflète l’âge d’or du foyer siennois, particulièrement brillant dans sa phase gothique aux XIVe et XVe siècles. L’Église, commanditaire de premier plan, y impulse une production artistique exclusivement religieuse. Ces oeuvres expriment un discours chrétien où la sensibilité centrée sur le visuel, permet aux fidèles un accès direct à la ...
... contemplation spirituelle par la beauté matérielle.
Le calice se compose de trois parties distinctes : le pied, la tige et la coupe. Le pied, de plan polylobé à six pans, présente un décor végétal ciselé et repoussé particulièrement élaboré, composé de feuilles, de volutes et de fleurs stylisées. Ce répertoire ornemental s’inspire directement des enluminures et des décors architecturaux gothiques, qui traduisent visuellement l’harmonie de la création divine et la beauté de la liturgie.
La tige hexagonale est scandée en son centre par un large noeud, typique des calices gothiques. Ce dernier est orné de six médaillons incrustés d’argent niellé, une technique précieuse. L’emploi de cette technique remonte à l’ Antiquité mais connaît un regain d’intérêt au Moyen Âge et à la Renaissance pour décorer des pièces d’orfèvrerie ou des armes de prestige. C’est un alliage noir composé de soufre, de plomb, de cuivre et d’argent qui permet de dessiner ou écrire dans les cavités gravées de manière contrastées et profondément lisibles.
Ces médaillons représentent des armoiries, sans doute celles du commanditaire ou d’un ordre religieux, et également une inscription IHS, monogramme sacré du nom de Jésus (« Iesus Hominum Salvator »). En dessous de ces derniers nous retrouvons une autre inscription Ave Maria Sacra, formule dévotionnelle dédiée à la Vierge Marie.
La coupe, légèrement évasée, est supportée par une monture ajourée oùse déploient des motifs de feuilles stylisées, prolongeant ainsi la richesse décorative de l’ensemble. Bien que réalisé en cuivre, matériau plus accessible que l’or ou l’argent massif, il garde un éclat solennel et sacré. La dorure masque la nature plus modeste du métal tout en respectant les exigences liturgiques selon lesquelles les objets sacrés devaient être nobles et resplendissants.Ainsi, ce calice, par la finesse de ses détails, la richesse de ses matériaux et la complexité de ses symboles, illustre la puissance spirituelle et sociale de l’objet liturgique dans l’Église médiévale. Il se fait à la fois instrument du sacré et oeuvre d’art, transmettant à travers les siècles une image tangible de la foi et du goût artistique de son époque.
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