Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Bronze ciselé et doré, porphyre d’Égypte.
France.
1834-1852.
h. 35 cm.
C’est au Salon de 1834 que Feuchère expose pour la première fois son célèbre Satan, aux côtés d’une « paire de vases qui l’accompagne ». Cet ensemble, du romantisme le plus pur, puisant dans les sources littéraires alors en vogue : le Paradis perdu de Milton, le Faust de Goethe et l’Enfer de Dante, et embrasse le goût romantique pour les figures maudites. La figure de Satan elle-même, inspirée par la Melancholia de Dürer, empreinte la pose devenue romantique ainsi déc:
Toi, le coude au genou, le menton dans la main,
Tu rêves tristement au pauvre sort humain
La présente paire de vases décoratifs, avec sa dorure brillante et sa base en porphyre, diffère de la version sombre et patinée exposée au Louvre à côté du Satan qui, bien qu’elle fasse autorité, ne fait probablement pas partie de l’ensemble exposé en 1834. Avec ses figures diaboliques ailées et le serpent ...
... s’enroulant autour du piédouche du vase, il demeure néanmoins un fantastique témoignage du goût original du deuxième tiers du XIXe siècle.
Si Jean-Jacques Feuchère n’était certes pas aussi célèbre que ses contemporains Barye ou Carpeaux, il est peut-être plus romantique encore. Autodidacte, quoique fils du ciseleur Jacques-François Feuchère, il survit un temps en travaillant pour des orfèvres en finissant des bronzes. Au plus haut de sa carrière, il s’essaie à tout — orfèvrerie, bronze, peinture, sculpture, dessin, lithographie. Il dessine, créé des pendules, des candélabres et d’autres objets d’art décoratif, souvent inspirées par la Cinquecento. Cette « universalité exaspérante » (Baudelaire) le conduit à contribuer à des commandes publiques majeures, dont le relief du Passage du Pont d’Arcole en 1833 et 1834 à l’Arc de Triomphe, et des statues pour la fontaine de la place de la Concorde. Feuchère s’attache à un large cercle d'amis artistes, parmi lesquels figurent Barye et Daumier. Il a quelques mécènes influents, comme le duc d'Orléans et le prince Demidoff. Il meurt pauvre, détenteur pourtant d’une collection d'art énorme et variée.
L'ensemble du Satan, avec ses vases d’accompagnement, est peut-être son œuvre la plus originale et la plus intéressante, et incarne parfaitement les penchants littéraires et esthétiques des sculpteurs romantiques des années 1830.
Voir Daniel Alcouffe et al., Un âge d’or des arts décoratifs. 1814-1848, Paris, 1991 et Peter Fusco dans The Romantics to Rodin. French Nineteenth-Century Sculpture from North American Collections, 1980.
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