Par Franck Baptiste Paris
Rare secrétaire en acajou massif, citronnier et panneaux en laque du japon.
De forme rectangulaire il simule un temple antique avec des montants à colonnes décreusées de cannelures terminées par des pieds toupies.
Il ouvre en façade par un large tiroir en partie haute, un abattant vertical au milieu et deux vantaux en partie basse.
L’abattant est orné d’un maroquin vert doré aux petits fers et découvre un théâtre composé de quatre casiers et de sept tiroirs dont un à trois compartiments pour le nécessaire à écrire.
Chaque tiroir intérieur est plaqué d’une luxueuse loupe de citronnier encadrée de filets de laiton.
La partie basse dévoile un grand casier, deux tiroirs et un compartiment en chêne massif faisant office de coffre fort.
Le dessus du secrétaire est agrémenté d’un marbre blanc et d’une galerie ajourée en laiton.
La façade et les cotés présentent une rare ornementation de sept panneaux en laque du Japon provenant de deux ...
... précieux cabinets datant de l’ére Edo vers 1680.
Ils offrent un rare décor de paysages traditionnels , de faune (phoenix, grues, lapins..) et de flore (volubilis, bambou, prunus..).
Chaque panneaux est encadré par un filets de laiton et une réserve d’acajou délimitée par une large plate bande en bronze finement guilloché.
L’ensemble du secrétaire est agrémenté d’une riche ornementation de bronzes dorés dont des frises d’acanthes pour les pieds toupies, une frise d’entrelacs en partie centrale, des plates bandes guillochées, des écoinçons à feuilles d’acanthes déployées et d’importantes cannelures en façade et sur les cotés.
Les serrures et les clés sont « à trèfle » pour le tiroir et le vantail du bas, le canon de la serrure de l’abattant qui était lui aussi probablement à trèfle a été anciennement modifié.
Fond en chêne, grande qualité de montage et de finitions.
Très bel état de conservation, petites restaurations d’usage au placage et à un angle de la galerie de laiton.
Travail parisien de la fin de l’époque Louis XVI vers 1790-1795, à rapprocher de la production de l’ébéniste Bernard Molitor (1755-1833).
Dimensions :
Hauteur : 144 cm ; Largeur : 92 cm ; Profondeur : 38 cm
Notre avis :
Les pieds en toupies, les colonnes semi-détachées et l’utilisation de bois de citronnier sur notre secrétaire nous indiquent un production parisienne de la fin de l’époque Louis XVI vers 1790 et nous renvoient à l’univers de l’ébéniste Bernard Molitor.
Ce rapprochement stylistique est d’autant plus intéressant que ce dernier fait partie du tout petit corpus d’ébénistes ayant utilisé de précieux panneaux en laque du Japon durant la période révolutionnaire.
Ce type de panneaux est extrêmement onéreux sous l’ancien régime et l’utilisation de deux cabinets pour réalisé un meuble est rarissime à cette période, d’autant plus que les modèles choisies constituent la quintessence de la laque japonaise du 17 ème siècle.
En effet nos panneaux représentent les meilleures techniques avec un décor en très fort relief finement incisé et parsemé de larges saupoudrages, d’or, d’argent et de cuivre, le tout rehaussé de laque brune et rouge et agrémenté de fines paillettes métalliques découpées, ce qui est l’apanage de meilleures ateliers du pays du soleil levant.
La présence de serrures « à trèfle » est conforme à cette luxueuse production post-révolutionnaire et elle est aussi récurrente chez Molitor tout comme l’absence d’estampille qui prévaut depuis la chute des corporations en 1791.
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