Par Poisson et Associés
Peintures, sculptures et objets d'art du XVe au XVIIe siècle
Saint Évêque - Souabe ou Allemagne du Sud, vers 1500, tilleul
La sculpture d’Allemagne du Sud, notamment la Souabe, comportent des caractéristiques uniques pour ce foyer à la fin du Moyen Âge : alternant entre douceur, sensibilité, mais aussi forcé expressive et puissance des volumes.
La Souabe représente un centre de production sculptée prolifique et de qualité, parmi lesquels figurent les villes d’Ulm, Augsbourg où Ravensburg, particulièrement pour la période 1460-1530, avant que la Réforme protestante ne précipite sa fin. Les artistes mettent à l’honneur le travail du bois, et pour beaucoup de pièces, une touche virtuose dans la polychromie. Nous connaissons par exemple Niclaus Weckmann et Daniel Mauch à Ulm, mais aussi Ivo Strigel et son atelier, Lux Maurus ou Jörg Lederer dans les villes du sud, cependant ces personnalités sont rarement à l’origine de toute la chaîne opératoire qui a conduit à une œuvre.
La sculpture de Souabe excelle ...
... notamment dans le dessin des expressions et des drapés, reprenant la mode vestimentaire de la fin XVe - début XVIe siècles.
En dépit de la variété des styles individuels qui ne cessent de la moduler et de la renouveler, la sculpture souabe constitue un phénomène artistique relativement unitaire et cohérent dont il est possible de décrire quelques caractères généraux : ses traits constants d’une douceur sensible et délicate exprimant également la recherche d’expression, une grâce paisible où le goût des détails et des drapés décoratifs fait contrepoint. Le répertoire ornemental attaché aux formes gothiques la rattache à l’art « gothique tardif » dit Spätgotik ou de la fin du Moyen Âge (qui touche les régions du Tyrol, Souabe, Italie du Nord, Helvetie), modérément réceptif aux motifs tirés de l’antique.
Ici notre sculpture de saint Évêque est tout à fait générique dans son iconographie mais prouve son appartenance au foyer de Souabe dans l’excellence de sa taille.
L’évêque, caractérisé avant tout par sa mitre, adopte des proportions très allongées, dans une attitude largement hanchée qui n’est pas sans rappeler les vierges en ivoire de la fin du XIIIe siècle, telle que la Vierge de la Sainte Chapelle, 1260-1270 (Paris, Musée du Louvre), contrainte dans sa forme par l’origine de son matériau d’exécution, une défense d’éléphant.
Le canon élancé est par ailleurs accentué par le travail des drapés amples, laissant le torse relativement lisse avec quelques courbes qui annoncent les larges plis en cuvette qui marquent sa taille, tandis que l’homme d’église porte son manteau sur le côté dont les plis retombent en cascade, formant presque des plis en queue d’hirondelle superposés. Également dans le dos, nous observons deux important plis à bec, démontrant toute la variété des plus possibles et modulables pour un seul vêtement.
Au-delà du corps, les traits allongés s’apprécient encore davantage sur le visage de l’évêque. Ce-dernier arbore un regard a demi clos, impassible, encadré par des pattes d’oies, et d’autres rides qui parcourent ses joues et son cou, donnant un aspect légèrement flasque qui témoigne des années passées.
L’œuvre demeure à nue, sans polychromie, peut-être pour des questions de rentabilité dans l’exécution des commandes et donc dans l’argent perçu. En effet, l’ajout de pigment requiert un temps supplémentaire et une grande attention pour faire apparaître toutes les subtilités d’un visage dans ses expressions. Il semble donc que pour cette raison, plusieurs artistes se soient spécialisés dans la production d’effigies simplement de couleur bois.
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