Par Cristina Ortega & Michel Dermigny
Arts de la Chine et du Japon
Couple de sculptures en bronze patiné représentant deux saumons en pleine nage, signées Saka Tand? et datées 1968 sur leur tomobako d’origine, portant la mention « 1968, Nitten H?san, œuvre de Saka Tand? ». Conçues pour être vues ensemble, ces deux œuvres se répondent dans un dialogue de formes et de mouvements : l’une s’élance, gueule ouverte, tandis que l’autre, plus contenue, semble accompagner sa trajectoire dans un équilibre silencieux. Leur tension rythmique exprime la lutte du poisson contre le courant et, plus largement, le flux vital de la nature. Les socles en marbre blanc, fournis dès l’origine mais non fixés, accentuent la pureté moderniste de l’ensemble, typique des années 1960.
Saka Tand?, né en 1920 à Suzu dans la préfecture d’Ishikawa, est issu d’une famille d’artistes. Son père, Kanji Saka, était peintre occidental, et son grand-père, Aishu Saka, peintre de l’école Nihonga. Après la mort de son père, il grandit à ...
... Sapporo, sur l’île d’Hokkaid?. Il étudie la sculpture à la Tokyo Bijutsu Gakk? (actuelle Université des Arts de Tokyo) avant d’être mobilisé durant la guerre du Pacifique. Fait prisonnier en Thaïlande, il revient au Japon profondément transformé, trouvant dans la représentation du vivant – l’animal, le corps, la matière – une forme d’hommage à la persistance du souffle vital.
Dès les années 1950, il expose régulièrement à la Nitten, où il reçoit en 1964 le Prix Spécial pour son « Jeune homme ». En 1966, il devient membre permanent de cette institution. Son œuvre, associée à la sculpture du nord du Japon, a profondément marqué la scène artistique du Hokkaid?. On lui doit plusieurs monuments publics, dont le célèbre “Clark sur la colline” à Sapporo.
Les deux saumons de 1968 illustrent pleinement sa maturité : un naturalisme expressif, sensuel dans la texture du métal, et une force contenue qui rappelle la sculpture européenne d’après-guerre. Par leur modelé dense et vibrant, ces pièces traduisent la double quête de Saka Tand? : célébrer la vie dans sa lutte, et rendre à la nature sa noblesse sculpturale.
Dimensions : 39 × 18,5 cm et 41 × 17 cm hors socles en marbre.
Bronze patiné, socles en marbre blanc, tomobako d’origine daté 1968.
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