Par Cristina Ortega & Michel Dermigny
Arts de la Chine et du Japon
Laque brun noir et or, ferrures en laiton gravé et doré
Hauteur 44 cm – diamètre 39 cm
Paire de boîtes japonaises en laque brun noir, de forme cylindrique nervurée, reposant sur quatre pieds également laqués. Chacune est ornée sur ses flancs et sur le dessus du couvercle du kamon (emblème héraldique) de la famille Ichij?, représenté par le caractère « ? » (ichi, “un”) inscrit dans un cercle (Ichimonji maru). Ce motif d’une grande sobriété symbolise l’unité et la droiture, valeurs associées à cette lignée issue du puissant clan Fujiwara.
Le décor est complété d’une ornementation en laiton gravé et doré à motifs de volutes fleuries, qui renforce les pieds, le pourtour des couvercles et certaines parties du corps. Ces ferrures, finement exécutées, intègrent également le kamon au centre des volutes, créant un dialogue subtil entre métal doré et laque sombre. L’ensemble conserve son équilibre d’origine et une brillance ...
... intacte, avec seulement quelques traces d’usage discrètes, caractéristiques d’un objet de cour du début du XIX? siècle.
Ces boîtes étaient destinées au kai-awase, littéralement « assemblage de coquillages », un jeu raffiné né à la cour impériale de Heian (VIII?–XII? siècle). Il consistait à retrouver les deux moitiés d’une même coquille de palourde, dont l’intérieur était souvent peint de scènes poétiques. Parce que chaque coquille ne s’ajuste qu’avec sa moitié d’origine, ce jeu devint un symbole de l’union conjugale parfaite. Les ensembles de kai-awase étaient ainsi offerts lors de mariages aristocratiques, témoignant du rang et de la richesse des familles qui en commandaient la réalisation.
La famille Ichij?, fondée au XIII? siècle par Fujiwara no Tadamichi (1097–1164), descend du prestigieux clan Fujiwara, qui domina la cour impériale durant plusieurs siècles. L’Ichij?-ke fut l’une des cinq grandes maisons de régents (go-sekke), dont les membres exercèrent les plus hautes fonctions de l’État, notamment celles de sessh? (régent pour un empereur mineur) et kampaku (régent pour un empereur adulte). Leur nom dérive de la rue Ichij? à Kyoto, où se trouvait leur résidence principale. À l’époque Edo, les Ichij? conservèrent un statut de haute noblesse (kuge), alliée aux cercles impériaux et aux familles d’érudits et de courtisans. Leur emblème, le Ichimonji maru, demeure l’un des symboles les plus immédiatement reconnaissables de l’aristocratie japonaise.
L’ensemble présenté ici, d’une grande cohérence stylistique et d’une qualité d’exécution remarquable, témoigne du raffinement des arts de la laque à la fin de la période Edo et de la survivance, dans la culture matérielle, des codes symboliques hérités de la cour impériale.
Note historique
Le jeu de kai-awase est évoqué à plusieurs reprises dans la littérature classique japonaise, notamment dans le Genji monogatari (XI? siècle), où il apparaît comme un divertissement réservé aux dames de la cour. Dans le chapitre Hana no en (« La Fête des fleurs »), les coquillages peints deviennent métaphore des liens du destin et des unions harmonieuses. Ce jeu, raffinement suprême de la culture de Heian, illustre la conception japonaise de l’harmonie : deux moitiés qui, une fois réunies, ne font plus qu’un tout parfait.
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