Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Paire de larges chaises klismos par Terence Harold Robsjohn-Gibbings et Saridis d’Athènes.
Noyer grec, cuir tressé.
Grèce.
Années 1960.
65 x 73 x 92,5 cm.
Cette chaise enveloppante, sorte de « chaise gondole », est une variation du célèbre klismos de la collection Mobilier de la Grèce antique — ici sensiblement plus large et plus imposante, bien que l’assise, assez basse et conçue pour recevoir un coussin, soit à la même hauteur que celle du klismos standard. Conçue par Terence Harold Robsjohn-Gibbings et exécutée par l’ébéniste grec Saridis d’Athènes, cette collection, née de la rencontre entre les deux hommes en 1960, associe alors précision archéologique et exigence technique : les pièces mêlent noyer grec, bronze poli et cuir tressé à la main, et visent à réinventer le mobilier grec antique à travers des matériaux précieux, une pureté moderne et une précision sans compromis. Dès mai 1961, le Roi et la Reine de Grèce assistent au ...
... vernissage de la collection, tenu dans l’atelier de Saridis dans le centre d’Athènes. Vingt-six pièces y sont exposées, accompagnées de photographies de trouvailles archéologiques : fragments de vases attiques, stèles funéraires — ici celle de Hegeso — et céramiques, ayant servi de directes aux dessins de Robsjohn-Gibbings.
Les courbes et les lignes du klismos ont donné à cette collection son signe distinctif. Selon Gisela Richter, le klismos est d’ailleurs «?le meuble grec le plus caractéristique?», celui dans lequel «?le sens grec de l’harmonie et de la grâce trouve sa plus haute expression?». Consistant en «?un dossier incurvé et des pieds simples, eux aussi incurvés?», il est généralement dépourvu de tout ornement, «?sa beauté résidant uniquement dans la proportion et la ligne?». C’est au début des années 1930, lors de son retour en Angleterre après plusieurs années passées aux États-Unis, que Robsjohn-Gibbings découvre véritablement ce «?sens grec de l’harmonie?» : « Le samedi après-midi, écrit-il, j’allais souvent au British Museum, et, là-bas, errant dans les salles de la Bretagne romaine et de la Grèce antique, je suis tombé sur une chaise en bronze miniature servant de base à un candélabre grec. J’ai découvert par la suite qu’il s’agissait d’un siège grec appelé klismos. Alors, en regardant d’un œil nouveau les peintures des vases grecs, j’ai vu des chaises, des lits, des tabourets, des coffres et des tables. »
C'est dans cette même collection, Meubles de la Grèce classique, que Jacqueline Kennedy-Onassis choisit en 1968 un grand nombre de pièces qui meubleront sa désormais célèbre « Pink House », construite sur l'île de Skorpios acquise quelques années plus tôt par Aristote Onassis. Son choix a contribué à établir la réputation de Saridis bien au-delà du monde universitaire ou philhellène. L’attrait de ce mobilier : mariage de l’harmonie classique et de la sobriété moderne, a trouvé un écho auprès d'autres d’arbitres des élégances du XXe siècle, telles Estée Lauder ou Doris Duke.
Sources
Terence Harold Robsjohn-Gibbings, Furniture of Classical Greece, New York, 1963 ; Todd Merrill et Julie Iovine, Modern Americana, New York, 2008 ; George Manginis, « Klismos. The revival of ancient Greek furniture by T. H. Robsjohn-Gibbings for Saridis of Athens », conférence prononcée au Bard Graduate Center, 2025.