Par Florian Kolhammer
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Les deux fauteuils ont été créés en 1898 d'après les dessins de Joseph Maria Olbrich pour la deuxième exposition de la Sécession viennoise, qui a été officiellement inaugurée le 12 novembre dans le nouveau bâtiment de la Sécession situé au 12, Friedrichstraße, 1010 Vienne. Cette présentation est considérée comme la plus importante dans l'histoire des débuts de la Sécession, car elle fut la première à avoir lieu dans le bâtiment spécialement construit à cet effet et permit de mettre pleinement en valeur le nouveau lieu d'exposition. Les fauteuils furent exposés dans la « salle des arts et métiers », un espace dans lequel le nouveau programme esthétique de l'association, à savoir la suppression des frontières entre l'art et le design appliqué, s'exprimait dans une unité harmonieuse de forme, de matière et d'idée. Les lignes strictes, la clarté géométrique et l'accent mis sur les formes tectoniques de base sont étroitement liés aux autres sièges ...
... créés par Olbrich pour cette exposition, en particulier ceux du « vestibule » et de la « salle d'exposition principale ». Alors que Josef Hoffmann a conçu la célèbre salle « Ver Sacrum » et y a choisi un langage stylistique beaucoup plus sobre (chaises à dossier bas), ces fauteuils portent la signature indéniable d'Olbrich. Ces pièces ont très probablement été produites par l'atelier viennois « Friedrich Otto Schmidt ».
Fondée à Vienne en 1859, l'entreprise est passée d'une activité de fabrication de papiers peints à un studio de premier plan dans le domaine de la décoration d'intérieur, entretenant des liens étroits avec les artistes et les architectes du mouvement moderniste viennois. Sous la direction de Max Hermann Schmidt, l'entreprise a collaboré avec Adolf Loos, Josef Hoffmann et la Sécession viennoise, entre autres, a remporté d'importants contrats pour des expositions et a exercé une influence décisive sur la décoration d'intérieur moderne. La gratitude exprimée par le catalogue à l'égard de Schmidt « pour l'ameublement décoratif de notre maison et de notre exposition » confirme l'hypothèse selon laquelle les chaises proviennent de son atelier. Pour le nouveau revêtement, le tissu « Abimelech » de Koloman Moser pour Backhausen & Söhne a été choisi – un motif datant de 1899 qui avait déjà été utilisé pour des rideaux et un canapé lors de l'Exposition universelle de Paris en 1900. « Abimelech » signifie « père du roi » ou « mon père est roi » et confère aux chaises une profondeur symbolique : les dossiers hauts leur donnent l'allure d'un trône, tandis que le nom évoque la dignité, l'autorité et le calme souverain. La combinaison de la forme, du matériau et du nom allie savoir-faire artisanal, vision artistique et signification symbolique en une unité qui confère au mobilier non seulement de l'élégance, mais aussi une aura presque mythique. En même temps, le choix du tissu illustre l'étroite collaboration au sein de la Sécession et jette un pont esthétique entre le design d'Olbrich et le design textile visionnaire de Moser.
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