Paire de fauteuils à la reine par Nogaret, Lyon vers 1770

... symbolise la quintessence du style Nogaret.
C’est en effet un maitre aguerri qui nous livre dans les dernières années de sa vie des sièges aux lignes pures et trés nerveuses qui ne sont plus surchargées de sculptures mais qui arborent un décor trés fin et particulièrement fluide de rubans sinueux.
Ce décor caractéristique de la période transition fût réalisé dans les années 1765-1770, ce qui démontre l’avance du grand maître qui ne suivait pas mais faisait la mode.
La pureté de la ligne, la fluidité du décor, la qualité irréprochable des assemblages et la finesse inouïe de la sculpture de nos sièges attestent de son statut de meilleur menuisier de Province.
Nous pouvons aisément rajouter qu’il surpassait de loin bon nombre de ses confrères parisiens.
Ce décor de rubans a rencontré un grand succès à Lyon, notamment auprès des tisserands de la cité des Gaules mais il sera commercialisé jusqu’aux rives de la Méditerranée.
De nombreux suiveurs Lyonnais comme Canot, Cheneaux, Geny, Lapierre ou provençaux comme Pillot continueront l’oeuvre du maitre en produisant des fauteuils à décor de rubans jusqu’à la révolution.
Notre paire de sièges est importante dans le corpus de Pierre Nogaret car elle est à la source de ce style dit Lyonnais et elle constitue probablement une des dernières oeuvres du grand maitre.


*Pierre NOGARET (1718-1771), reçu Maître menuisier à Lyon en juin 1745.

Pierre Nogaret, célèbre Maître en sièges de province, estampillait «Nogaret A Lyon». C'est à Lyon que ce parisien choisit de s'installer. Un siège de sa main se reconnaît d'un seul regard: un subtil jeu de courbes et de contre-courbes, un accotoir typique, très évasé, une console en coup de fouet, un jeu de moulurations. Équilibre et nervosité, élégance et mouvement, sont les termes qui reviennent le plus souvent pour définir son style. Une qualité irréprochable enfin, dans la construction, dans le choix des essences et le soin apporté aux éléments de liaison font que ses productions résistent bien aux épreuves du temps. L'influence de Tilliard et de Cresson, l'un pour la ligne, l'autre pour la sculpture, prouve que Nogaret maîtrisait le savoir-faire des maîtres parisiens.