Jean-Simon Fournier (actif vers 1790) Le bouquet offert et Le bouquet accepté

... à une famille de typographes et imprimeurs, nous ne retrouvons cependant pas son prénom dans l’arbre généalogique de la dynastie des Fournier des Ormes, ni dans les ouvrages qui leur sont consacrés. Plusieurs sources le décrivent comme natif de Paris, élève de Jean-Baptiste Regnault, et domicilié rue des Deux-Boules dans les années 1790. Les archives parlementaires nous indiquent qu'en 1791 il perçoit des gages (1 200 livres) en tant qu'artiste attaché aux bâtiments du Roi, tandis que son maître Regnault perçoit 12 000 livres. Aux Salons de 1791 et 1793, il n’expose que des portraits ; en 1798, une nouvelle série de portraits : il s’agit probablement, en tous cas pour 1798, de dessins, des petits profils, circulaires, gravés par Chrétien, l’inventeur du physionotrace. Fournier avait été au service de Chrétien comme dessinateur jusqu’en 1798, peut-être dès 1791 (il succédait ainsi à Quenedey et Jean Fouquet), ceci ayant probablement été facilité par l’activité de sa famille dans le milieu de la gravure. Le Metropolitan de New York conserve deux dessins de ce type par Fournier.

Avec opportunisme, Fournier profita du renouveau de la scène de genre traitée à la hollandaise, mais dans des intérieurs et des ambiances relevant du goût français de l’époque, avec une technique très précise et un faire lisse pour représenter les étoffes satinées, le mobilier et les accessoires. Il exposa six compositions différentes au Salon entre 1795 et 1799, parfois à deux ou trois reprises ; certaines firent l’objet de gravures par des artistes comme Cazenave ou Chaponnier, qui reproduisaient également les œuvres de Boilly, Marguerite Gérard ou Schall.

La paire de toiles que nous présentons sont datées de décembre 1794, et sont peut-être les premiers sujets amoureux peints par Fournier ; si la tenue des femmes est encore « sage », les costumes de leurs prétendants annoncent les Incroyables du Directoire. Quant aux attitudes masculines à la limite de l’empressement, elles ne semblent pas offusquer plus que cela ces jeunes femmes, plutôt flattées, amusées et consentantes ; l’une des scènes pourrait d’ailleurs correspondre à une estampe de FrédéricJean Wolff (dit l’Aîné), un autre graveur de Boilly, d’après Fournier, titrée Le bouquet accepté, et légendée « J’aime bien quand vous le posez ».

En France, seul le musée des Augustins de Toulouse conserve une œuvre de Fournier, auparavant présentée comme de Boilly, et identifiée par Carole Blumenfeld.