EUR

FR   EN   中文

CONNEXION
Cléopâtre mourant — XVIIe Siècle
Cléopâtre mourant — XVIIe Siècle - Sculpture Style Louis XIV Cléopâtre mourant — XVIIe Siècle - Galerie Lamy Chabolle
Réf : 108570
6 500 €
Époque :
XVIIe siècle
Signature :
Entourage de Philippe Bertrand & Robert Le Lorrain
Provenance :
France
Materiaux :
Bronze
Dimensions :
H. 19 cm
Sculpture  - Cléopâtre mourant — XVIIe Siècle
Galerie Lamy Chabolle
Galerie Lamy Chabolle

Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle


+33 (0)1 42 60 66 71
+33 (0)6 11 68 53 90
Cléopâtre mourant — XVIIe Siècle

D’après Simon Thomassin. Entourage de Philippe Bertrand et Robert Le Lorrain.
Bronze à patine brun rouge sur un piédestal en bronze doré et plaquettes de verre.
H. 19 cm (statue 14 cm ; socle 5 cm).
Fin du XVII? siècle — première moitié du XVIII? siècle.

Cette statuette figure Cléopâtre VII nue en contrapposto, « regardant à gauche, entortillée d’un serpent qui luy picque la mamelle, et un vase derrière elle ». L’histoire de cette scène célèbre, ayant servi de modèle à Shakespeare pour sa pièce Antony and Cleopatra, est donnée par Plutarque :

« D’autres prétendent, dit-il, qu’elle gardait cet aspic enfermé dans un vase et que, Cléopâtre le provoquant et l’excitant avec un fuseau d’or, il bondit et s’attacha à son bras. Mais personne ne sait la vérité, car on a dit aussi qu’elle portait toujours du poison dans une épingle à cheveux creuse et qu’elle cachait cette épingle dans sa chevelure. Cependant aucune tache ni aucune ...

Lire la suite

... autre marque de poison n’apparut sur son corps. On ne vit pas non plus de serpent à l’intérieur, mais on disait en avoir observé des traces le long de la mer, du côté où donnait sa chambre et où il y avait des fenêtres. Certains affirment que l’on aperçut sur le bras de Cléopâtre deux piqûres légères et peu distinctes […]. »

[Plutarque, Vie d’Antoine, §85-86, trad. Flacelière, Paris, 1977]

Et Plutarque d’ajouter qu’une statue montrant Cléopâtre au moment de mourir fut offerte à Auguste lors de son triomphe célébré l’année suivante :

« et c’est à ce rapport, semble-t-il, que César ajouta foi, car à son triomphe on porta une statue de Cléopâtre elle-même avec l’aspic attaché à son bras. »

Cette statuette en bronze s’inscrit ainsi dans une longue tradition de représentation de la mort de Cléopâtre, dont l’intérêt fut renouvelé en Europe après que l’humaniste français Jacques Amyot l’eut traduite en français en 1559.

Une Cléopâtre mourant, dite antique, en marbre, est ainsi signalée dans les inventaires des jardins de Versailles dès 1689, où elle demeure encore. Cette dernière, de la main du sculpteur Jean-Baptiste Goy, mort en 1738, et d’après un modèle italien (sans doute une Cléopâtre perdue de Bandinelli, apparaissant sur une gravure d’Agostino Veneziano au milieu du XVI? siècle), figure dans le Recueil des statues, groupes, fontaines, termes, vases, et autres magnifiques ornemens du château & parc de Versailles de Simon Thomassin, publié en 1694.

La Cléopâtre de Thomassin, toutefois, saisit le serpent de sa main gauche. Elle penche sa tête vers la gauche. La statuette en bronze est ainsi plus proche de la gravure que la gravure ne l’est de la sculpture qu’elle représente. L’une et l’autre sont en effet identiques, à l’exception du voile de pudeur qui fut ajouté au bronze. Cette proximité entre la gravure et le bronze permet d’en dater l’origine entre la fin du XVII? siècle et les années 1720, période durant laquelle travaillent à Versailles des sculpteurs tels que Philippe Bertrand, dont les sculptures en bronze (Enlèvement de Psyché par Mercure, Windsor Castle) évoquent cette Cléopâtre mourant par la pudeur et la qualité du drapé, par la qualité du bronze et la grâce des figures ; ou encore Robert Le Lorrain, dont une célèbre Bacchante (Metropolitan Museum) elle aussi conçue d’après une gravure dont il raffine les formes, évoque cette Cléopâtre mourant en bronze, par ses membres élancés, par le ciselé du bronze, par la pudeur et le mouvement de la composition.

Sources :

Plutarque, Vie d’Antoine, trad. Flacelière, Paris, 1977
Hugh Chisholm, dans Encyclopædia Britannica, vol. 19, s. v. “North, Sir Thomas”, Cambridge, 1911, p. 759
Comptes des Bâtiments du roi, 1664-1715, II, 464
Simon Thomassin, Recueil des statues, groupes, fontaines, termes, vases, et autres magnifiques ornemens du château & parc de Versailles, La Haye, 1724, p. 14
Jonathan Marsden, « Philippe Bertrand », dans Bronzes français de la Renaissance au Siècle des Lumières, Barcelone, 2008
Guilhem Scherf, « Robert Le Lorrain », dans Bronzes français de la Renaissance au Siècle des Lumières, Barcelone, 2008

Galerie Lamy Chabolle

Sculpture